LE SYSTÈME de radiochirurgie stéréotaxique Cyberknife permet de délivrer des rayonnements très focalisés et à haute énergie, avec une précision inférieure au millimètre. Il est utilisé en radiothérapie et dans différentes situations chirurgicales pour aborder des tumeurs bénignes ou malignes. Les faisceaux sont concentrés avec précision sur la tumeur, réduisant ainsi le risque de léser les tissus sains avoisinants.
Il a été tenté pour aborder les douleurs des névralgies du trijumeau. Ces douleurs classiquement décrites comme paroxystiques et violentes, en forme de chocs électriques ou de brûlures, ou de douleurs lancinantes, suivent la distribution des terminaisons nerveuses maxillaires et mandibulaires du trijumeau. Les épisodes douloureux sont brefs, durant quelques minutes. Ils surviennent par salves pendant quelques semaines à quelques mois. Dans une forme atypique, il peut y avoir des douleurs quasiment constantes. On est toujours à la recherche d’un traitement efficace. Les médicaments (anticonvulsivants et antidépresseurs) sont utilisés avec un succès relatif et au prix d’effets indésirables. Les options chirurgicales - compression, rhizotomie au glycérol ou par radiofréquence - ciblent le nerf au niveau du foramen ovale.
Depuis le milieu des années 1990, la radiochirurgie stéréotaxique par gammaknife avec la radiochirurgie par accélérateur linéaire a été mise en place pour réaliser une rhizotomie en tentant de cibler différentes portions du trijumeau. Ce qui a amélioré le taux de succès mais avec des effets secondaires notables : dysesthésies, trismus, anesthésie douloureuse, sensations d’engourdissement, parfois diplopies.
Le système du Cyberknife délivre un rayon non iso-centrique, plus approprié pour cibler le nerf trijumeau, avec une fiabilité accrue au niveau de la cible et un meilleur confort pour le patient.
Un paramétrage du traitement concernant la longueur du nerf à cibler, sa situation, la dose délivrée peut permettre d’optimiser cet abord. Bryan Lazzara et coll. s’y sont attelés et présentent leurs résultats chez des patients traités par rhizotomie radiochirurgicale par Cyberknife en ciblant une longueur conséquente du nerf et un spectre étroit de doses délivrées.
Soulagement partiel ou total.
En utilisant l’imagerie par résonance magnétique, le segment ciblé du nerf trijumeau a été circonscrit à une longueur de 6 mm approximativement à 2-3 mm de la racine dorsale d’entrée du tronc cérébral. Le Cyberknife a été appliqué en utilisant un seul collimateur pour délivrer une dose maximum de 73,06 Gy.
Les résultats rapportés pour la cohorte de 17 patients souffrant de névralgie réfractaire du trijumeau montrent une réponse favorable chez 14 des 16 patients qui ont pu être évalués (suivi de 11,8 mois en moyenne). Il y a chez eux un soulagement partiel ou total des symptômes. Onze des patients étaient complètement délivrés de leur douleur. Les symptômes sont revenus chez 4 patients à 3, 7, 9 et 18 mois après le traitement par Cyberknife.
Seuls deux patients ont rapporté des effets secondaires : une dysesthésie gênante pour un patient, une hypoesthésie mandibulaire non gênante pour un autre.
Il n’y a pas eu de complication substantielle reliée à la radiochirurgie stéréotaxique.
Le ciblage d’une portion consistante du nerf trijumeau, avec une dose d’irradiation dans un spectre étroit centrée sur 73,06 Gy, apparaît « efficace et sûr en terme de soulagement de la douleur initiale et l’incidence de perte sensitive. La radiochirurgie non isocentrique peut être utilisée comme alternative à des traitements plus invasifs. Cette approche mérite plus amples investigations. »
J NeuroIntervent Surg (2012). Doi : 10.1136/neurointsurg-2012-010125
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