LES DERNIÈRES données de l’Inpes montrent que 13,4 % des individus entre 55 et 85 ans fument (16,4 % des hommes et 10,8 % des femmes). Dans la tranche des 75-85 ans, on a encore 5,5 % d’hommes et 3,5 % de femmes fumeurs. La plus faible proportion dans cette tranche d’âge relève de deux faits : certains fumeurs ont été sevrés et d’autres sont morts.
Ces fumeurs de 55 à 85 ans consomment encore en moyenne 13 cigarettes par jour. « Ce ne sont pas de petits fumeurs, précise le Pr Daniel Thomas (Paris), ils sont probablement encore pour la plupart fortement dépendants. Mais ils sont 57 % à avoir envie d’arrêter, bien qu’ils ne manifestent que peu de craintes vis-à-vis de leur tabagisme. Or, un fumeur sur deux en meurt avant 70 ans...»
Un gain de vie.
Une grande étude épidémiologique américaine sur plus de 200 000 adultes âgés de 30 à 80 ans a montré que les courbes d’espérance de vie des fumeurs et des non fumeurs s’écartaient très progressivement avec l’âge (1). On remarque par exemple qu’à 70 ans, il y a encore 87 % de femmes non fumeuses vivantes contre 60 % de fumeuses, et 80 % de non fumeurs en vie contre 55 % de fumeurs. « Cela montre parfaitement que si on intervient au-delà de 50 ans, il y a un bénéfice potentiel important », souligne le Pr Thomas. De fait, entre 55 et 64 ans, on gagne encore 4 ans d’espérance de vie (lire tableau).
L’effet bénéfique du sevrage chez le sujet âgé se manifeste aussi à court terme : en 24 heures, le sang ne contient plus de monoxyde de carbone. Le transfert de l’O2 par l’hémoglobine vers les muscles cardiaques et périphériques est optimisé. Puis, en une quinzaine de jours, les plaquettes se normalisent et le risque de thrombose disparaît. Il existe aussi un bénéfice très rapide sur la réversibilité de la dysfonction endothéliale qui conditionne la capacité des artères à se dilater.
En prévention secondaire, la question du bénéfice de l’arrêt du tabac se pose encore moins. Une étude menée sur près de 19 000 patients suivis pendant 6 mois après IDM dans 41 pays montre qu’il y a 40 % de risque de récidive en moins quand le sujet arrête de fumer (4).
Entretien avec le Pr Daniel Thomas, Institut de cardiologie, département de cardiologie médicale, Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris.
(1) Jha P et al. N Engl J Med. 2013;368:341-50
(2) Gopal DM et al. Am Heart J. 2012;164:236-42
(3) Jones R et al. Interactive Cardiovascular and thoracic Surgery. 2011;12:449-53
(4) Chow CK et al. Circulation. 2010;121:750-8
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