DE NOTRE CORRESPONDANTE
AVEC LA NOUVELLE LOI, le personnel hospitalier est dans l’obligation de prescrire des soins antidouleur, d’indiquer le traitement choisi et les résultats obtenus sur les dossiers médicaux de leurs patients. Et les produits à base de cannabis et d’opiacés, dont la commercialisation était auparavant interdite, peuvent être produits par les maisons pharmaceutiques italiennes.
Coté pratique, les médecins traitants peuvent désormais utiliser les feuilles fournies par la sécurité sociale (Mutua) pour prescrire des soins antidouleur. Un système auparavant interdit puisque les médecins devaient avoir des carnets d’ordonnances pourvus d’un tampon spécial. « Cette pratique devait être modifiée, car seulement 25 % des médecins traitants utilisaient ce type d’ordonnance », explique Francesca Crippa Floriani présidente de la fédération italienne des soins palliatifs (FEDCP). En revanche, les pharmaciens doivent, soit conserver l’ordonnance, soit faire une photocopie. Cette mesure évitera les dérapages.
Côté administratif, les nouvelles normes prévoient l’élargissement de fonds spéciaux destinés à renforcer le réseau des structures spécialisées basées sur le modèle des hospices britanniques créés il y a trente ans pour les malades en phase terminale. Pour garantir l’accès aux soins palliatifs et aux thérapies antidouleur, la loi prévoit aussi la mise en place de deux types de réseaux régionaux, regroupant l’ensemble des structures sanitaires (hôpitaux et centres) et le personnel spécialisé, qui devra suivre régulièrement des formations. Le premier réseau s’occupe exclusivement des soins palliatifs, l’autre des thérapies antidouleur. Enfin, les régions doivent harmoniser les coûts des soins palliatifs dans le service public et les centres conventionnés, qui doivent être identiques sur l’ensemble du territoire national.
Coté finances, une première enveloppe de 100 millions d’euros devait être débloquée pour accélérer l’installation des réseaux, qui percevront chaque année 50 autres millions d’euros pour leurs frais de roulement. Les régions qui refuseront d’appliquer ce dispositif dans les délais prescrits par la nouvelle loi, seront placées sous administration contrôlée par le ministère de la Santé. Enfin, un observatoire national sera chargé de contrôler la situation au niveau national et de rédiger un rapport annuel sur les produits utilisés et les effets des thérapies.
Des lacunes ?
Globalement, l’introduction de la loi antidouleur est considérée comme une véritable révolution pour les malades. Toutefois, certains députés, notamment à gauche, parlent de lacunes importantes. « Les spécialistes et notamment les oncologues du secteur privé ne pourront pas prescrire 10 milligrammes de morphine. Non seulement c’est insensé mais cela démontre aussi que l’Italie reste très conservatrice », remarque le sénateur et oncologue Ignazio Marini. Il conteste aussi l’impossibilité pour les médecins de prescrire des opiacées ou des produits dérivés du cannabis, comme c’est le cas en France, Allemagne, Grande-Bretagne et États-Unis. « En Italie, 250 000 personnes souffrent de maladies incurables. Seulement 0,1 % de ces malades obtiennent de la morphine. Les autres doivent subir des souffrances insupportables et inacceptables sur le plan moral » souligne Ignazio Marini.
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