Rassemblés ce lundi à Paris pour le sommet de la vape 2019, les médecins et chercheurs militant pour la cigarette électronique tentent de lutter, études scientifiques à l'appui, contre le « bad buzz » subi par la cigarette. Un mois après l'annonce de l'interdiction de cigarettes électroniques aromatisées aux États-Unis, et son interdiction totale en Inde, la cigarette électronique accuse en effet le coup. Selon les données de vente remontées des 800 adhérents (sur les 3 000 boutiques spécialisées en France) de la Fédération Interprofessionnelle de la Vape (Fi vape), la filière accuse une « baisse de chiffre d’affaires comprise entre 20 et 30 % entre les mois de septembre et octobre », explique au « Quotidien » Jean Moiroud, président de la FIVAPE.
En plus des décisions américaines et indiennes, la cigarette électronique a également souffert d'un déficit d'image lié à la position ambiguë de l'organisation mondiale de la Santé (OMS) qui a qualifié ce dispositif « sans doute nocif » et qui « devrait ainsi faire l'objet d'une régulation », bien qu'elle la considère comme étant « certainement moins toxique » que la cigarette conventionnelle. « Ce qui est préoccupant, c'est que la baisse concerne surtout les kits d'initiation à la cigarette électronique, alors que le mois sans tabac doit commencer le 1er novembre prochain », ajoute Jean Moiroud.
Un risque individuel a priori plus faible
« La cigarette électronique est, par définition, plus sûre que la cigarette classique, alors qu'il y a une tendance croissante dans la population à penser qu'elle est elle plus dangereuse », affirme pour sa part le Dr Lion Chaabi, du collègue universitaire de Londres, venu présenter une revue de la littérature sur la réduction du risque individuel chez les patients qui passaient de la cigarette classique à la cigarette électronique.
Si le recul vis-à-vis de la cigarette électronique n'est pas suffisant pour démontrer qu'elle est associée à un risque plus faible de cancer, de maladies cardiovasculaires ou de décès, il existe néanmoins des données indirectes de plus en plus solides concernant plusieurs biomarqueurs : le 1 butanol (NNAL, un marqueur de l'exposition pulmonaire aux nitrosamines, un carcinogène connu), le 1-Hydroxypyrene (1-HOP, marqueur de l'exposition aux pyrènes), le N-acetyl-S-3-hydroxypropylcysteine (3-HPMA, marqueur de l'exposition aux acroléines) et le monoxyde de carbone.
Le 7 octobre dernier, une étude parue dans les « PNAS » montrait, chez la souris, un doublement du risque d'adénocarcinomes et de cancers de la vessie - 22 % contre 11 % - au terme de 54 semaines d'exposition, à raison de 4 heures d'inhalation par jour. Des données qui ne convainquent pas le Dr Chahab : « de tels niveaux d'exposition continue ne reflètent pas la réalité clinique chez l'homme, et les lignées de souris utilisées sont sélectionnées pour leur capacité à développer spontanément des cancers », argumente-t-il.
Concernant les 26 décès et 1 299 atteintes respiratoires qui ont motivé les dernières mesures de la FDA, le Dr Chahab rappelle qu'il s'agissait « d'événements aigus provoqués par des causes aiguës, à savoir l'utilisation de liquides trafiqués ou frauduleux, contenant du THC », ce que la FDA a reconnu récemment.
Article mis à jour le 16 octobre 2019 afin d'actualiser les chiffres rapportés par la pharmacovigilance de la FDA.
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