La politique de réduction des risques (RDR) s’est principalement concentrée sur les usagers de drogues par voie injectable avec, en France, la libéralisation de la vente des seringues en pharmacie en 1987 et la mise en place de programmes d’échanges de seringues et du Stéribox à partir des années 1990. « Il est devenu nécessaire de repenser la politique de RDR en l’adaptant notamment à la population des consommateurs de crack qui ont des expositions à risques spécifiques et intenses », expliquent Marie Jauffret-Roustide et col., qui publient dans le « BEHWeb » de cette semaine,les résultats préliminaires d’une recherche-action originale* destinée à décrire l’état de santé des usagers de crack et à contribuer à l’évaluation d’un nouvel outil de RDR. On estime entre 6 000 et 10 000 personnes le nombre d’usagers de crack, premier produit illicite consommé (30 % des UD) avant la cocaïne (27 %) et l’héroïne, selon l’enquête ANRS-Coquelicot. La prévalence du VHC chez les consommateurs de crack est estimée à 70 %. L’étude mise en place comporte deux volets : un volet d’évaluation médicale (sur l’état des mains et de la bouche des usagers de crack), un volet socio-comportemental (sur les pratiques d’usage de produits, les prises de risque). Ces 2 volets vont être répétés deux fois, en 2009 et 2010, avec entre les deux, une phase d’intervention lors de laquelle seront massivement distribués des kits de RDR. D’ores et déjà, les pratiques à risques de transmission des hépatites mais aussi du VIH ont pu être repérées : utilisation de cutter pour débiter la galette en cailloux à l’origine de coupures aux doigts, partage systématique du cutter, fabrication de filtres à partir de fils de cuivre récupéré à partir d’un fils de téléphone ou autres appareils téléphoniques occasionnant des coupures et des abcès aux doigts, utilisation d’un doseur en verre source de brûlures, de plaies, de lésions ulcérées et de coupures au niveau des lèvres et de la bouche. À partir de ce repérage et avec l’aide des usagers de drogues eux-mêmes (4 groupes focaux) un kit RDR a été mis au point puis largement distribué. La deuxième phase post-intervention est en cours et les résultats prévus d’ici à l’année.
*Menée par l’InVS, le Cermes, le CAARUD (Centres d’accueil et d’accompagnement à la RDR auprès des usagers de drogues) avec le soutien de l’ANRS (Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales).
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