« Je veux porter la voix des sans-voix, la voix des pauvres de la santé », lance avec entrain Vincent Beaumont, maire sans étiquette de La Ferrière-aux-Étangs, dans l’Orne. Depuis le 24 mai, l’édile de 68 ans a entamé une marche symbolique depuis sa commune de 1 530 âmes vers Paris afin de dénoncer les déserts médicaux. Lors de ce parcours de 230 km en douze jours, l’élu en fin de troisième mandat, accompagné sur certaines portions par des membres de l’Association de citoyens contre les déserts médicaux (ACCDM), a voulu porter devant les représentants de la Nation « le ras-le-bol de la population ».
Arrivé à La Ferrière-aux-Étangs en 1993 comme directeur de l’Ehpad, Vincent Beaumont est le témoin vivant de la dégradation de l’offre de soins dans sa propre commune. « En 1993, il y avait encore deux médecins, deux infirmiers, un cabinet dentaire et deux kinés. Puis, quand j’ai été élu en 2008, il ne restait déjà qu’un seul médecin », précise-t-il ce mardi au Quotidien. Loin de rester les bras croisés, le maire avait alors décidé de réagir en faisant appel à un cabinet de recrutement. Et même « si cela avait coûté un peu d’argent », son effort a été récompensé car un généraliste espagnol est venu s’installer « pendant quelques années ». « Mais ce praticien a préféré partir… dans une commune voisine classée en ZFRR (zone France ruralités revitalisation, NDLR) à moins de 10 km de La Ferrière pour être totalement exonéré de ses contributions fiscales et sociales », raconte l’élu.
« Cela fait 10, 20 ou même 25 ans que ça dure avec des conférences, des états généraux, des “Grenelle” et j’en passe
Vincent Beaumont, maire de La Ferrière-aux-Étangs (Orne)
Depuis 2020, après le départ du dernier généraliste à la retraite, les habitants de La Ferrière-aux-Étangs n’avaient plus de solution médicale « à moins de faire plusieurs dizaines de kilomètres ». « Mes concitoyens ont sollicité les maisons médicales et les cabinets voisins, mais généralement, sauf urgence, ils ne nous acceptent pas car ils sont déjà surchargés », poursuit le maire, qui fait valoir que plus de six millions de Français de plus de 17 ans n'ont plus de médecin traitant. « Cela fait 10, 20 ou même 25 ans que ça dure avec des conférences, des états généraux, des “Grenelle” et j’en passe. Que voit-on ? Les difficultés d’accès aux soins des citoyens s’aggravent. Et rien ne bouge », se désole le maire.
Dans ce contexte, la proposition de loi transpartisane portée par le député socialiste Guillaume Garot qui vise à réguler l’installation des médecins libéraux reçoit son plein soutien. « Cette régulation se ferait uniquement sur 13 % du territoire, là où il y a une surconcentration des médecins », temporise l’édile. Tout ce qui permet d'assurer une équité d’accès aux soins et à la permanence des soins, c'est bon à prendre ! » En revanche, le maire marcheur est loin d’être convaincu par la « solidarité territoriale » prônée par le pacte Bayrou contre les déserts médicaux. « C’est seulement deux jours par mois dans des déserts médicaux. Mais qu'en est-il du suivi ? Ce sont encore des mesurettes qui ne vont pas régler le problème », tacle Vincent Beaumont.
En douze jours de marche, l’édile a été accueilli chaleureusement par plusieurs élus locaux. À Plaisir, dans les Yvelines, dernière étape de son parcours, « le maire m’a raconté son expérience intéressante de médecins salariés, à méditer », confie-t-il. À la veille de son arrivée dans la capitale, le maire tient à partager au Quotidien « une bonne nouvelle ». Une médecin généraliste qui exerce aujourd’hui outre-mer devrait s’installer en septembre à La Ferrière-aux-Étangs « pour au moins trois ans ». De quoi lui donner un regain d’énergie pour ses derniers km avant l’arrivée à l’Assemblée nationale !
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