Patrick Errard (photo) ne regrettera pas l’année 2016 riche de mauvaises surprises pour l’industrie pharma. Dans ce contexte, la cérémonie des vœux à la presse programmée comme d’habitude le 31 janvier s’inscrit plus dans une opération de soldes… de tout compte du quinquennat que dans une séance protocolaire de langue de bois et de vaines promesses. L’année 2016 avait pourtant débuté sous les meilleurs auspices avec la signature de l’accord-cadre entre le CEPS (Comité économique des produits de santé) et le Leem. « Toutes les planètes s’étaient alignées pour nous promettre une belle année. Elles se sont en fait désalignées », lâche le président du Leem, prêt à répondre au rapport de force engagé par le gouvernement. Entre le matraquage financier imposé aux laboratoires pharmaceutiques, la lettre d’orientation ministérielle adressée au directeur du CEPS en contradiction avec l’esprit de l’accord cadre et les mesures incluses dans la LFSS 2017 toujours plus contraignantes pour les laboratoires, l’exaspération, on le devine, est à son comble. Pourquoi par exemple n’avoir pas repris la recommandation de l’ANSM (Agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé) dans l’article 96 concernant les biosimilaires ? Quant au nouvel encadrement du système de l’ATU (Autorisation temporaire d’utilisation) engagé par l’article 97, il réduit l’accès à l’innovation. Mais le pire pour le Leem est atteint avec l’article 98 qui assure une sécurité juridique aux éventuelles décisions unilatérales du CEPS, en cas d’échec des négociations avec un laboratoire. « Cette disposition relève du 49-3. S’il est dégainé, cela sera reçu comme une véritable déclaration de guerre », tonne Patrick Errard.
Absence de vision globale sur la santé
Après cinq anni horribili, le pire n’est jamais sûr. Le Leem a donc décidé de se projeter dans l’avenir. Et de se livrer à l’exercice de distinguer le bon grain de l’ivraie dans les programmes présidentiels des principaux candidats. L’horizon demeure toutefois obscurci par l’absence de vision holistique, globale sur la santé et l’industrie pharma.
Tous les candidats privilégient la déclinaison de simples mesures, déplore Patrick Errard même si certains ont mieux compris le message du Leem que d’autres afin de sortir de la récession. François Fillon propose ainsi d’aligner l’évolution des dépenses du médicament sur le taux de l’Ondam. « Ce qui règlerait aussitôt le problème du prix des médicaments », commente le président du Leem. Pour autant, le programme développe une vision technocratique axée d’abord sur le rétablissement des comptes sociaux au lieu d’une vision élargie sur les nouvelles problématiques de santé.
Le pistolet sur la tempe
Chez Benoît Hamon, le Leem salue le volet consacré au sport dans la santé. Mais dénonce le chiffon rouge agité par le candidat socialiste de recourir éventuellement à la licence d’office. « On ne discute pas avec un pistolet sur la tempe », précise Patrick Errard. Une utilisation de ce dispositif conduirait à faire de la France un no man’s land pour l’industrie pharma poursuit le président du Leem.
Emmanuel Macron est en revanche distingué pour sa proposition d’élaborer un plan quinquennal et de sortir de la logique du médicament vu comme une simple variable d’ajustement. Il est toutefois épinglé pour sa proposition de vente de détail à l’unité.
Redonner de la fierté à l’industrie pharma
Mais au-delà des bons et mauvais points décernés à tel candidat, le Leem développe une stratégie axée autour de trois axes, la garantie de l’accès de tous aux meilleurs soins, la mise en place d’une régulation attractive et le retour à l’efficacité et à la cohérence du modèle français.
Et surtout au-delà des mots d’ordre, il s’agit de redonner la fierté à chaque salarié de travailler dans l’industrie pharma. « Nous ne vendons pourtant pas des mines interpersonnelles », s’exclame Patrick Errard. Pourquoi alors tant de haine dans certains cénacles alors que les médicaments sauvent des vies ? Cette bataille d’images, c’est un combat collectif mais aussi personnel, conclut le président du Leem. Sera-t-il victorieux ?
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