Présent au Congrès Cham 2023 (Convention on Health Analysis and Management), à Chamonix, le ministre de la Santé a livré un véritable plaidoyer pour la prévention. Il a également partagé certaines de ces convictions sur l’état du système de santé et plusieurs éléments de sa feuille de route.
Un système « à la fois formidable et tellement fragile », c’est ainsi qu'Aurélien Rousseau a posé le diagnostic alors qu’il était interrogé sur l’état du système de santé ce jeudi, avant de plaider pour la réforme. « Notre job est de bouger sinon le système va tomber ». Devant un parterre de dirigeants de la santé, patrons de laboratoires pharmaceutiques, responsables de complémentaires santé, d’établissements hospitaliers publics comme privés, mais également de professionnels de santé et d’agences, Aurélien Rousseau n’a pas caché les « années difficiles » à venir. Affichant son objectif « qu’on se remette ensemble ».
Négos conventionnelles, hôpital : attractivité et recrutements
Pour la médecine de ville, il a réaffirmé son objectif que les « négociations conventionnelles puissent se rouvrir le plus rapidement possible » et souligné la dynamique « à l’œuvre » de coordination et coopération interpro, mais aussi de délégation de tâches.
Sur l’hôpital, il a mentionné « la bataille » pour rouvrir des lits, qui passe par le fait d’ « arriver à recruter ». À la question du maillage territorial et de la fermeture des petits établissements, Aurélien Rousseau a répondu que « dans une trop petite structure, on ne rend pas la même qualité des soins. Cette prise de conscience progresse. Dès lors qu’il n’y a pas de perte de chance, qu’un maillage territorial existe et qu’il y a un SAS [service d'accès aux soins], indispensable, il faut revenir à cette gradation. Il faut des hôpitaux de proximité et d’autres de pointe à qui il faut redonner les moyens d’être à la pointe ».
France 2030 au secours de la prévention ?
Mais le sujet central de l’intervention d’Aurélien Rousseau aura été la prévention, un des « principaux champ d’innovation ». S’il n’a pas caché avoir beaucoup insisté lorsqu’il travaillait au cabinet de la Première ministre pour l’ajout de ce terme dans l’intitulé du ministère, il a ensuite livré un véritable plaidoyer pour ce changement de paradigme.
S'il a rappelé la campagne sur la bronchiolite et la vaccination HPV au collège, le locataire de Ségur a estimé que, même avec le numerus apertus, avec la coopération accrue et le partage des tâches, « la réalité c’est aussi la tension démographique et les maladies chroniques ». « On doit mettre quelque chose dans le système qui change et c’est la prévention. Notre système de santé ne tiendra pas si on ne prend pas ce virage », a-t-il plaidé alors que le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) prévoit plusieurs mesures en ce sens, notamment la vaccination HPV dans les collèges, les rendez-vous de prévention aux âges clés de la vie ou la création d’un service de repérage et d’orientation précoce des situations de handicap.
Pourtant, le domaine fait toujours figure de parent pauvre en matière de financement. « Nous devons réinvestir ce champ, a-t-il insisté. J’ai proposé à Emmanuel Macron et Élisabeth Borne de réallouer une partie des crédits de France 2030 (…) pour en faire une enveloppe de plusieurs centaines de millions d’euros afin de développer cette connaissance et ça vaut aussi pour la recherche où on est largement en retard ». Une demande qui n’a pas été encore actée.
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