La traditionnelle conférence de presse annuelle du centre technique des institutions de prévoyance (CTIP), ce mardi 1er juillet, ne s’est pas contentée de présenter les résultats du secteur pour 2024. Son président, Jacques Creyssel, élu depuis janvier, a défendu que son organisation sera « plus politique » et aura « une voix forte » pour « réaffirmer » son rôle. Car si la fonction des institutions de prévoyance (IP) est certes de prévoir, « les annonces tous les jours, mais jamais très précises » du gouvernement rendent « difficile la gestion » des acteurs et du modèle paritaire.
Les IP, qui gèrent 13,9 milliards d’euros de prestations en santé, prévoyance et retraite supplémentaire, pour 14 millions de salariés couverts, à travers plus de 2 millions d’entreprises, ont affiché un résultat 2024 « solide » de 735,1 millions d’euros et un ratio de solvabilité à 293 %. Ces derniers ont réduit leur déficit technique de l’activité santé, passant de -244,2 millions d’euros en 2023 à -102,2 millions d’euros en 2024. « Notre rôle, c’est d’être à l’équilibre, ce qui devrait être la règle de base de la Sécurité sociale », a pointé, goguenard, Jacques Creyssel, qui siège également au bureau du Medef. Pour les IP, les dépenses de santé « restent à un niveau toujours aussi élevé », avec une croissance structurelle portée par les mesures de revalorisations des soignants, le poids des personnes en ALD et l’avancée en âge de la population active.
Concours Lépine des idées technos
À date, « les inquiétudes sont extrêmement nombreuses », a toutefois cadré le président du CTIP, allant même jusqu’à les qualifier « d’avalanche ». « Il y a d’abord une absence totale de dialogue avec les pouvoirs publics, aucune discussion : parfois, on se fait convoquer, d’autres fois, on apprend des choses par la presse… » Des ministères aux Hauts conseils, en passant par la Cnam, Jacques Creyssel met les institutions dans le même panier et parle d’une « caractéristique incroyable, qui ne permet pas d’avancer ».
Et quand des pistes « les plus sottes » ou « les plus saugrenues » apparaissent, telles que la « grande Sécu » ou un bouclier sanitaire, « pour beaucoup d’acteurs, c’est une sorte de concours Lépine de la plus mauvaise idée, la plus technocratique », tacle-t-il encore.
Le projet de taxe des complémentaires santé pour dégager un milliard d’euros ? Ironisant sur le fait que l’exécutif « cherche depuis six mois une façon de nous taxer », le président du CTIP juge que cette voie est « contradictoire » avec la volonté affichée du gouvernement de ne pas alourdir la fiscalité pour les ménages et les entreprises. Le vice-président du CTIP, Alain Gautron, abonde en ce sens, défendant un « front uni devant toutes les attaques » contre les trois familles de complémentaires – avec la Mutualité française (FNMF) et France assureurs.
Un milliard d’économie sur la fraude ?
Priorité du gouvernement, la lutte contre la fraude sociale constitue pour le CTIP une source importante d’économies. Il se joint ici à la requête de la Mutualité pour réclamer un meilleur partage des données entre l’Assurance-maladie et les complémentaires. À la clé, un gain potentiel d’un milliard d’euros pour le système de santé, calcule le président du CTIP. La disposition en ce sens du budget de la Sécurité sociale pour 2025 avait été censurée par le Conseil constitutionnel, a regretté le patron du CTIP. « Il faut que les ministres arrêtent de causer et nous donnent vraiment les moyens de lutter contre la fraude ! », a défendu Alain Gautron, regrettant que, lorsqu’une fraude est détectée par la Sécu, elle ne prévienne pas les organismes complémentaires. « Le jour où nous travaillerons vraiment ensemble, nous aurons une plus grande efficacité », a-t-il déclaré. Le nouveau texte porté par le député Cyrille Isaac-Sibille « va dans le bon sens » mais nécessitera un accord transpartisan pour être inscrit à l’ordre du jour de l’Assemblée, déjà saturé.
Sur la prévention, autre axe majeur d’évolution du pilotage du système de santé, « le sujet est aujourd’hui de savoir comment la mettre en place de manière intelligente, avec l’Assurance-maladie… Mais j’ai le sentiment qu’ils veulent nous dicter ce qu’on doit faire ! », s’agace le président du CTIP Jacques Creyssel. En ce sens, ajoute son vice-président, « il faudrait poser clairement le débat assurance-maladie obligatoire et complémentaire afin d’éviter que le seul directeur de la Cnam, dans son rapport charges et produits, décide seul de tout cela ». Le DG de la Cnam appréciera, lui qui réclame une « refondation » de l’articulation entre l’Assurance-maladie obligatoire (AMO) et les complémentaires santé (AMC) avec un engagement accru des mutuelles, assureurs et autres IP dans la lutte contre la fraude et le déploiement de la prévention.
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