Voilà un confrère qui n’applaudira surement pas lorsque Marisol Touraine annoncera demain mardi son plan d’action et de promotion des médicaments génériques... Généraliste à Saint-Brice-sous-Forêt dans le Val d’Oise, Julien Blain est sans doute un des médecins de l’hexagone les plus rétifs aux génériques. A ce titre, il fait donc partie des 500 médecins français inquiétés par la sécu pour usage immodéré de la mention "Non Substituable". Comme les autres, l’Assurance maladie a décidé de le convoquer en vue d’éventuelles sanctions financières.
Mais le Dr Blain a décidé de ne pas s’en laisser compter. Jeudi 12 mars il est arrivé bien préparé à sa convocation devant la CPAM du Val d’Oise : il a refusé le pharmacien conseil qui devait l’entendre aux côtés de deux autres médecins conseil car « on ne fait pas le même métier », et il a décidé de s’accompagner d’un avocat. Surtout, il est venu armé d’un tas de documents et rapports pour défendre son point de vue pendant près de trois heures.
Moins de 3% de génériques
En effet si le généraliste refuse la délivrance de génériques c’est, selon lui, pour des raisons de sécurité. « J’ai prescrit des génériques pendant près de dix ans, et je ne comprenais pas pourquoi je voyais revenir certains patients à qui j’avais prescrit des génériques d’antibiotiques, raconte-t-il. J’ai mis en doute mon exercice de la médecine. Et puis en 2008, le cas d’un de mes patients m’a fait m’intéresser d’un peu plus près aux génériques et j’ai découvert que souvent le médicament générique n’est pas le même que l’original ». A l’époque, le Dr Blain décide de creuser la question et va même jusqu’à rédiger un rapport sur le sujet en 2013 : à l’intitulé un rien provocateur : «Les médicaments génériques des médicaments (légalement) dangereux ». Il fera également deux déclarations de pharmacovigilance qui ne sont pas enregistrés, dit-il.
Depuis il prescrit très peu de génériques, « j’en prescris dans des cas très particuliers, il y a une hiérarchie dans les génériques.» D’après son relevé d’activité médicale de 2013, dans ses prescriptions seuls 2,40 % sont transcrits en génériques contre 70 % pour trois quart des médecins, car le généraliste inscrit "non substituable" sur ses ordonnances très souvent. Lors de son audition, il devait justifier de cette inscription 419 fois sur 289 ordonnances du quatrième trimestre 2013.
Liberté de prescription
« Sur le fond, quelle que soit la manière dont se déroule l’entretien, la caisse ira jusqu’au bout et a prévu une sanction. Ça c’est inacceptable car le médecin chargé du contrôle ne doit pas s’immiscer dans la prescription du médecin, c’est une atteinte à la liberté de prescription ». Malgré tout le médecin est satisfait de la façon dont son entretien s’est déroulé : « je suis content parce que ce n’était pas juste une accusation pendant quatre heures, c’est moi qui ai parlé, qui ai essayé de démontrer que les éléments dont ils se servent sont incomplets ». Le généraliste devrait recevoir le compte rendu de cette rencontre dans une huitaine de jours. Maisaux yeux de ce militant finalement, peu importe la sanction; le Dr Blain se déclare prêt à « se battre jusqu’au bout ».
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