Attention zone de haute turbulence. Après avoir survécu à la loi d′airain des essais cliniques, démontré sa pertinence auprès des agences d'évaluation, la longue marche pour un produit innovant d′accès au marché se heurte en France à un dernier obstacle, le Comité économique des produits de santé qui fixe le prix des médicaments. C′est la montagne qui effraie tous les montagnards aguerris. Avec parfois des lenteurs que n′expliquent pas les caprices de la météo. Pourquoi la fixation du prix a-t-elle exigé un temps aussi long pour Alprolix®, alors que le produit dispose d′une ASMR IV avec une population cible limitée à 1 200 patients ? En décembre dernier, l′Association française des hémophiles (AFH) avait recueilli plus de 3 000 signatures en l′espace de cinq jours. Alprolix® sera disponible dans les pharmacies hospitalières à la fin du mois de mars après une longue négociation de prix.
Le brouillard qui enveloppe certaines décisions ne semble donc pas près de se dissiper. Dans d′autres cas, c′est au contraire l′encadrement très strict du pouvoir de négociation du président du CEPS qui entrave l′accès à l'innovation. La lettre d′orientation signée en août 2016 par Michel Sapin et Marisol Touraine, toujours d′actualité, soulève ainsi une montagne de protestations. « Pour la fixation du prix d′un nouveau médicament dont les comparateurs comprennent au moins un médicament ayant perdu son brevet, la référence du prix se doit d′être celui du générique, ou le cas échéant du biosimilaire, le moins cher. » Cette règle d′or conduit de nombreux laboratoires à stopper net toute négociation. « Comment accepter de vendre un nouvel antidiabétique performant au prix de la metformine génériquée par exemple », confie un responsable d′un laboratoire ? En dépit du préambule de cette lettre où les ministres confirment la « priorité donnée à l'innovation et à la lisibilité de la régulation », le patron du CEPS est confronté à des injonctions paradoxales. Quelle est la vraie grille de lecture des pouvoirs publics face à l'innovation ? Se réduit-elle à la simple gestion de rapports de forces avec des réussites comme la mise à disposition des traitements de l′hépatite C ou des retards inexplicables comme dans le myélome ? La pédale de frein est toujours enclenchée au risque de faire dérailler le train de l′innovation. Pour le TGV de l′accès rapide au marché, on est prié d′attendre.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes