Face à la pénurie de doses, les médecins de 9 centres de vaccination en Vendée crient leur colère

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Publié le 10/02/2021
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Crédit photo : BURGER/PHANIE

En annonçant à qui veut bien l'entendre que 70 millions de Français seraient vaccinés contre le Covid d'ici à la fin de l'été ou en déclamant « il va falloir que ça dépote », alors qu'il venait de recevoir sa première injection, le ministre de la Santé a peut-être rassuré quelques Français. Il a surtout mis en colère des professionnels de santé.

Neuf médecins* responsables des centres de vaccination de Vendée expriment aujourd'hui leur incompréhension devant la communication gouvernementale, dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron, Jean Castex et Olivier Véran.

Ces médecins généralistes y décrivent « la situation extrêmement tendue » qu'ils traversent avec un « approvisionnement indigent en vaccins ». Alors que leurs neuf centres devraient permettre de recevoir entre 1 000 et 8 000 personnes par semaine, « nous nous retrouvons à accueillir tout au plus 500 à 600 personnes par semaine faute de vaccins », décrivent-ils. « L'absence de vaccins nous a amenés à reprogrammer un grand nombre de rendez-vous sans avoir la certitude d'honorer cette reprogrammation, la population est inquiète et furieuse », poursuivent les praticiens signataires.

Avec 7 000 doses pour vacciner plus de 75 000 personnes de plus de 75 ans, « il faudra 5 mois pour vacciner les populations les plus fragiles », observent-ils. « Contrairement aux annonces faites aux médias, de nombreux résidents en Ehpad n'ont pas reçu la première injection », affirment les neuf médecins.

Les primo-vaccinations suspendues à Noirmoutiers et une longue liste d'attente

Joint par Le Généraliste, le Pr Cyrille Vartanian, généraliste et responsable du centre de vaccination de Noirmoutiers, ne cache pas son amerture. « Dans mon centre ouvert le 4 janvier, nous avons vacciné 600 personnes en dix jours et nous n'avons pas pu réaliser de nouvelle primo-vaccination depuis le  26 janvier, explique-t-il. Nous avons juste la quantité de vaccins pour réaliser les rappels. Nous ne pourrons effectuer à nouveau de primo-vaccinations qu'à compter du 22 février ! » Le centre ne dispose désormais que de 72 vaccins par semaine, soit l'équivalent d'une journée de travail. Et il faudra reprogrammer plus de 480 personnes aujourd'hui sur la bien nommée liste d'attente. « Nous avons alerté les autorités, le préfet et l'ARS avec qui nous nous réunissons une fois par semaine mais on a l'impression qu'il y a une omerta. Disons la vérité ! », lâche le Pr Vartanian.

Une communication délétère

Dans leur courrier, les responsables de centres appellent les politiques à cesser de « communiquer sur les livraisons massives que nous n'avons pas, [...] de jeter le trouble chez les patients et de mettre la pression sur des soignants qui s'épuisent à force d'injonctions paradoxales ». Les signataires appellent les plus hauts responsables de l'État à une « communication en adéquation avec les moyens ». « Nous redoutons que ce double-discours délétère entraîne de la frustration et un désintérêt de la population envers la vaccination », explique le Pr Vartanian, très inquiet.

*Dr Laurent Brutus (Sallertaine), Dr Cyril Couillard (Luçon), Dr Arnaud Guillaumet (Grosbreuil), Dr Thomas Lambert (La Chataigneraie), Dr Brigitte Tregouet (La Roche-sur-Yon), Dr Emmannuelle Valais-Joyau (La Guyonnière), Pr Cyrille Vartanian (Noirmoutiers), Dr François Verdon (La Gaubretière) et Dr Pierre Viguier (L'Ile d'Yeu)


Source : lequotidiendumedecin.fr