Et The Lancet célèbre la France…

Publié le 13/05/2016
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Et si la santé pour une fois devenait un enjeu important pour une campagne présidentielle ? L’école craque voire s’enfonce dans la désintégration. Le rebond économique relève du trampoline pour enfant. Seule la santé résiste. Et n’est pas encore menacée de déclassement dans les palmarès mondiaux. Le numéro du journal The Lancet consacré à la France paru le 2 mai dernier participe à cette opération de reconquête des territoires perdus de la gauche. Mais au-delà il confirme urbi et orbi, le journal est lu dans le monde entier, le rôle majeur joué par la France dans le domaine de la santé publique. L’édito n’hésite pas à parler d’une philosophie de la santé propre à la France. Loue son système de prise en charge. Et inscrit son déploiement sous l’égide de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1793. Ce qu’aucun journaliste français n’oserait plus écrire depuis longtemps. Le message universaliste de la France est ici célébré, voire martelé depuis les terres de la perfide Albion. « Nous devons l’écouter », écrivent en conclusion Richard Horton et Audrey Ceschia. Qui s’en plaindra ! Cette antienne est reprise par l’un des collaborateurs de ce numéro, François Hollande. Le Président, au-delà des crises sanitaires qui scandent l’agenda de santé mondial comme l’épidémie Zika actuellement en cours, rappelle la mobilisation du gouvernement contre le prix élevé des médicaments. Bien sûr, tout ne serait pas rose sur les terres socialistes. Les journalistes anglais pointent à la suite d’un article rédigé par des universitaires français le risque d’augmentations des inégalités en matière de santé. Le danger de fragmentation à bas bruit de système de santé public sous les coups de butoir de la stagnation économique et d’augmentation des coûts est également évoqué. Mais à Paris dans une faculté de médecine, plutôt que se projeter dans l’avenir et évoquer les périls, Marisol Touraine a préféré dresser le bilan de l’action accomplie. La ministre de la Santé a ainsi fait le buzz en égrenant les réformes réalisées au cours des cinq dernières années. On préfère faire l’impasse sur les professionnels en colère pour mieux s’adresser au grand public. La santé demeure bien ce marqueur de gauche face à un Emmanuel Macron qui multiplie les transgressions sur le front économique. Les personnels hospitaliers partagent-ils pour autant l’analyse de leur ministre ? En dépit des réformes en cours, le malaise est contenu. Par peur des lendemains qui déchantent ?


Source : Décision Santé: 305