Dans la Vienne, il y a trois établissements publics de santé : le CHU et le groupe hospitalier Nord Vienne, tout deux déployés sur deux sites, et le CH Henri-Laborit de Poitiers, seul EPSM (établissement public de santé mentale) du département. Ce dernier a demandé une dérogation pour ne pas faire partie du GHT en cours de constitution et attend avec appréhension la réponse de l’ARS.
« Nous avons, en tant qu’établissement spécialisé autonome et seul offreur de soins en psychiatrie sur notre territoire, plaidé sur le fait que nous offrons une particularité de prise en charge. C’est la raison pour laquelle nous voulons une dérogation », explique Christophe Verduzier, directeur du CH Henri-Laborit de Poitiers. « Nous pensons que la psychiatrie a déjà une organisation sur le terrain qui est maillée avec des partenaires dont font déjà partie les autres hôpitaux, mais aussi les établissements médico-sociaux et sociaux, renchérit le Dr Sylvie Péron, présidente de la CME de l’établissement. Nous avons une prise en charge beaucoup plus ambulatoire que les autres et nous sommes réticents à l’idée de retourner sur un système hospitalo-centré. »
Effet repoussoir
Autant dire que le système d’établissement support et la mutualisation de quatre fonctions clés (Dim, service informatique, achat et formation), ont ici un effet repoussoir. « Nous n’avons pas envie que ces fonctions soient soutenues par un CHU, un établissement MCO qui ne fasse pas de psychiatrie, souligne le Dr Sylvie Péron. De fait, nous ne serons pas prioritaires. Nous préférons garder notre autonomie de décision, car les fonctions achat, comme le reste, sont liées à notre activité. »
Aux yeux de l’équipe de l’établissement, cette volonté de faire bande à part est tout à fait justifiée sur le fond. « Les GHT sont dans une logique de parcours de soins et l’enjeu est de coordonner les différents niveaux de prise en charge entre proximité et recours, relève Christophe Verduzier. Or, nous avons l’ensemble de l’activité psychiatrique à notre charge. Nous gérons toutes les activités et nous sommes dans une notion de modalités de soins et d’hospitalisation complète. Les GHT ne correspondent manifestement pas à notre problématique et à notre modèle de coordination. »
Projet médical partagé déjà en oeuvre
Ce refus d’intégrer le GHT n’empêche pas une démarche de travail commun avec les autres établissements. « Le fait d’avoir une dérogation ne nous empêche pas d’être associés au GHT, explique le directeur du CH Henri-Laborit. Nous participons à l’élaboration du projet médical partagé pour tout ce qui a trait à la prise en charge psychiatrique lorsqu’elle rencontre la prise en charge somatique, tel que l’addictologie et l’urgence. Il est logique que nous soyons présents dans les discussions pour l’organisation du parcours. » Une démarche que soutient le Dr Sylvie Péron : « Notre position sur le projet médical n’est pas de nous isoler, car il y a des points de rencontre. Nous travaillons d’ailleurs déjà en coopération… mais pas sur les fonctions supports. »
Le CH Henri-Laborit de Poitiers n’est d’ailleurs pas le seul hôpital psychiatrique à demander une dérogation. Ils seraient entre 25 et 30 à avoir fait la démarche. Certains allant jusqu’à demander la constitution de GHT psychiatrique. La balle est dans le camp des ARS.
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