Un procès hors norme de plusieurs mois se profile pour l'ex-chirurgien Joël Le Scouarnec, 73 ans, renvoyé devant la cour criminelle du Morbihan pour des viols et agressions sexuelles sur près de 300 victimes, souvent mineures. Après environ quatre années d'instruction, une juge d'instruction de Lorient a rendu vendredi 27 septembre une ordonnance de mise en accusation renvoyant Joël Le Scouarnec devant la cour criminelle du Morbihan et « retenant 300 faits, commis à l'encontre de 299 victimes », a annoncé lundi 30 septembre le procureur de Lorient.
Peine maximale
Joël Le Scouarnec, déjà condamné en 2020 à 15 ans de détention, encourt cette fois une peine maximale de 20 années de réclusion criminelle. Cette ordonnance, en cours de notification selon le procureur, est susceptible de recours, ce qui repousserait de plusieurs mois un procès. Joint par l'AFP, l'avocat du Dr Le Scouarnec, Thibaut Kurzawa, n'avait pas encore été notifié. Le procès devrait se tenir courant 2025 à Vannes et durer trois à quatre mois.
Placé en détention, Joël Le Squares avait été mis en examen pour viols et agressions sexuelles sur 312 victimes potentielles identifiées à la lumière de ses carnets, relatant des sévices sexuels sur une période de 30 ans. L'âge moyen des victimes, des deux sexes, est de 11 ans, a établi l'enquête. Certaines victimes ont été écartées de la procédure en raison de la prescription des faits.
L'ordonnance de mise en accusation est « assez globalement conforme à la finalité » du réquisitoire définitif rendu le 5 juillet et demandant que Joël Le Scouarnec comparaisse pour des faits de « viols aggravés et d'agressions sexuelles aggravées », hormis « quelques non-lieux partiels » et « certaines requalifications », précise le procureur. C'est la plainte en 2017 d'une voisine, une fillette âgée de six ans, à Jonzac (Charente-Maritime), qui avait permis de mettre au jour cette gigantesque affaire de pédocriminalité guidée par les écrits glaçants du chirurgien retrouvés chez lui en 2017.
Agressions pendant 30 ans de carrière
Dans sa maison de Jonzac, en Charente-Maritime, où l'homme vivait en ermite avec des poupées, les gendarmes avaient saisi plus de 300 000 images à caractère pédopornographique. Et c'est la découverte de milliers de pages de listings et de journaux intimes tapés sur son ordinateur qui a projeté l'affaire dans des dimensions hors normes. Jour après jour, ce spécialiste de la chirurgie digestive a consigné les noms de ses victimes présumées, associés à une litanie de récits d'agressions pendant ses 30 ans de carrière dans des hôpitaux du centre et l'ouest de la France. En décembre 2020, la cour d'assises de la Charente-Maritime avait condamné l'ex-chirurgien à 15 ans de réclusion criminelle pour des atteintes sexuelles sur une de ses nièces et une jeune patiente dans les années 1990, ainsi que des viols sur une autre nièce, à la même période, et sur sa voisine de six ans.
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