Si les usagers se reportent sur les urgences, ce n’est pas parce qu’ils sont indisciplinés mais faute d’accès à la médecine de ville. C’est ce qu'affirme en tout cas l’UFC-Que Choisir sur la base d’une étude qu’elle a mené et publié le 3 avril.
L’étude considère les données de 2013 à 2020 sur l’ensemble des établissements ayant un service d’urgences en comparant leur activité avec la démographie libérale des départements. Selon cette analyse économétrique « une diminution d’1 % de la densité des médecins libéraux dans un département aurait augmenté l’activité des établissements d’urgences localisés dans ce département, d’entre 0,4 % et 0,6 % sur le court terme, et jusqu’à 0,9 % sur le long terme », écrit Que Choisir dans son rapport.
Concluant à un effet de la faible offre de soins libérale sur l’affluence aux services d’urgences, l’association estime donc « injuste et intolérable de reprocher aux usagers d’engorger inutilement les urgences, comme le sous-entendent régulièrement les autorités ». Que choisir considère également les messages des autorités « de type - petit bobo : pas urgence - » « infantilisants » et critique aussi « des politiques de plus en plus suspicieuses envers les usagers se présentant aux urgences ». À l’image du forfait patient urgences, en vigueur depuis le 1er janvier 2022 qui facture un montant de 19,61 euros à chaque patient reçu mais non hospitalisé.
Conventionnement territorial
S’appuyant sur les projections démographiques pour les années à venir, l’UFC-Que Choisir rappelle également que « l’offre de médecine libérale, déjà atone, va se dégrader : d’ici 2030, la densité de médecins libéraux va baisser de 5 % ». L’association de consommateurs en profite d’ailleurs pour attribuer cet accès à la médecine de ville « défaillant sur de larges pans du territoire » à « la liberté totale d’installation dont bénéficient les médecins libéraux ».
Parmi les solutions mises sur la table, Que Choisir avance donc comme « une urgence », « une régulation de l’installation des médecins à travers un conventionnement territorial ».
L’association évoque aussi une augmentation indispensable du nombre de médecins formés.
« Le fait que les autorités n’aient pas prévu d’augmenter les capacités d’accueil d’étudiants en deuxième année de médecine à horizon 2025 au-delà de l’ordre de grandeur de la cohorte 2021 est particulièrement alarmant », écrit-elle.
Pour augmenter les capacités de formation des médecins, l’UFC-Que Choisir appelle à recruter des formateurs et notamment des maîtres de stage et « assurer la présence de ressources humaines supplémentaires ».
« Le nombre de places dans chaque université et pour chaque spécialité doit également être piloté en fonction des besoins prioritaires pour chaque spécialité et pour chaque région, qui pourraient être définis par les ARS en dialogue avec les CHU », ajoute l’étude.
Que Choisir réclame aussi aux pouvoirs publics d’organiser la permanence et la continuité des soins en coordonnant la médecine hospitalière et la médecine de ville sur les territoires à travers la mise en place des SAS notamment.
Le développement de l’exercice coordonné à travers les MSP et les centres de santé, la simplification des tâches administratives ou le partage de compétences avec les IPA, font aussi partie des pistes qui récoltent les faveurs de l’association.
Par ailleurs, elle regrette que l’idée de contrat d’engagement territorial n’ait pour l’instant pas abouti, alors qu’elle jugeait « la piste intéressante ».
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