En France, plus de 1 000 personnes apprennent chaque jour qu’elles sont atteintes d’un cancer. Selon une enquête* auprès d’un échantillon représentatif de 5 161 personnes, le cancer est la pathologie qui suscite le plus d’inquiétude en France, devant la maladie d'Alzheimer, les maladies cardiovasculaires, la maladie de Parkinson ou encore la sclérose en plaques. Le sondage a été réalisé à la demande du Collectif Face au(x) Cancer(s) créé en 2014 par Unicancer, Patients en réseau et MSD France.
Près de trois Français sur quatre (74 %) se disent préoccupés par le risque d’y être confrontés un jour et ils sont encore plus nombreux (77 %) à craindre qu’un proche en soit atteint. Certains cancers sont particulièrement redoutés : c’est le cas du cerveau (pour 34 % de la population), du poumon (31 %), du pancréas (32 %), du sein (20 %) et du sang (20 %).
Par ailleurs, le cancer reste un sujet tabou : un Français sur deux estime qu’il est difficile de l’aborder en société. Et l’information sur la maladie reste insuffisante, un tiers des patients et de leurs proches se sentent mal informés sur les parcours de soins, l’offre de santé locale ou les essais cliniques.
Les freins au dépistage restent importants
Près de 90 % des Français reconnaissent l’utilité des examens de dépistage du cancer pour un diagnostic précoce, pour repérer les personnes à risque et pour prévenir la maladie ou augmenter les chances de guérison. La grande majorité de la population (71 %) estime, par ailleurs, que l’accès au dépistage du cancer est satisfaisant dans leur région. Pourtant, seuls 56 % des personnes interrogées déclarent avoir déjà passé un examen de dépistage.
Dans la majorité des cas, cette démarche est motivée par une incitation extérieure : 6 Français sur 10 se font dépister après avoir reçu un courrier de l’Assurance-maladie et la moitié sur recommandation d’un professionnel de santé. Parmi ceux qui ne se font pas dépister, 49 % ne savent pas s’ils sont éligibles, 46 % déplorent un manque de conseils médicaux, 37 % estiment être en bonne santé et 27 % pensent être trop jeunes pour se sentir concernés.
« Dans un guide dédié aux décideurs publics et aux acteurs de terrain, le Collectif Face au(x) Cancer(s) formule des propositions pour encourager le dépistage, le diagnostic précoce et l’accès à l’innovation. Nous recommandons notamment la mise en place automatique de rendez-vous de prévention personnalisés. Il s’agit d’un temps d’échange entre un patient et un professionnel de santé formé, connaissant les dépistages et les facteurs de risque du cancer. Nous souhaitons également diversifier davantage les acteurs de la prévention : infirmiers scolaires, pharmaciens, médecins du travail… », explique Laure Guéroult-Accolas, fondatrice et directrice de Patients en réseau.
Faciliter l'accès aux tests génétiques
Quoi qu’il en soit, les Français gardent confiance en l’innovation contre le cancer. Près de 6 Français sur 10 estiment que la recherche progresse rapidement et 80 % jugent que la France offre un accès rapide aux nouveaux traitements. Quelque 72 % pensent qu’on guérit davantage de cancers qu’il y a 20 ans.
Aujourd'hui, l'innovation passe également par l'IA et la génomique, ce qui permet d'améliorer l'identification des sous-populations qui doivent le plus bénéficier du dépistage et de certains traitements du cancer. Mais il reste un obstacle à lever : « Il faut faciliter l'accès aux tests génétiques permettant de cibler les patients pouvant accéder aux traitements innovants », estime le Pr Pascal Pujol, chef de service d’oncogénétique au CHU de Montpellier. « Prenons l’exemple du gène BRCA : il existe une famille de médicaments comprenant plusieurs molécules, prescrites et remboursées. Mais pour savoir si une thérapie ciblée est adaptée à un patient, des tests génétiques préalables sont indispensables. Or ces deniers ne sont toujours pas pris en charge par la sécurité sociale. Cela crée une iniquité d’accès, car il existe un reste à charge pour les établissements de santé », déplore-t-il.
* Enquête en ligne de l’Institut Toluna-Harris Interactive pour le Collectif Face au (x) Cancer(s), menée du 7 au 18 février 2025
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