Que faut-il retenir du Ségur de la santé ? « On peut d’abord se féliciter de la rapidité avec laquelle a été organisé cet événement pour répondre à un réel besoin, celui de l’hôpital public. Mais on a complètement oublié la médecine libérale », souligne le Dr Franck Devulder, président du Syndicat national des médecins français spécialistes de l'appareil digestif (Synmad) et, depuis février, des Spécialistes-CSMF.
Une compensation financière pour l'hôpital
Décidé à la suite de la crise sanitaire, provoquée par l’épidémie de Covid, ce Ségur de la santé a été lancé en mai et s’est achevé durant l’été. Son objectif était d'améliorer les conditions de travail et la prise en charge des malades à l'hôpital et d’augmenter les rémunérations. « Cela a surtout été un Ségur de la compensation financière pour le personnel de l’hôpital public, qui le méritait amplement. On peut rappeler que sur les 23 milliards annoncés lors du Ségur, 13 milliards vont être utilisés pour alléger la dette. Par ailleurs, 8,2 milliards vont être mis sur la table pour augmenter les salaires, ce qui était nécessaire en particulier pour les soignants. Au total, 450 millions vont être affectés à la revalorisation des rémunérations des praticiens hospitaliers et 200 millions vont être utilisés pour celles des internes et des chefs de clinique », détaille le Dr Devulder.
La médecine de ville, grande absente
Mais pour le président du Synmad, il est que temps que ce Ségur de l’hôpital cède désormais la place à un Ségur de la médecine libérale. « Encore une fois, c’est une très bonne chose d'avoir revalorisé les moyens de l’hôpital ainsi que les rémunérations. Mais la médecine de ville n’a pas existé dans ce Ségur de la santé. On aurait pourtant pu penser que la crise catastrophique due au Covid aurait pu être l’occasion de donner l’élan nécessaire pour aller vers une ère nouvelle. Mais pour l’instant, on ne voit aucun signe allant dans ce sens », souligne le Dr Devulder.
Un manque d'ambition
Ce dernier a ainsi été déçu par la lettre de cadrage « très peu ambitieuse » adressée en août par Olivier Véran à Thomas Fantome, qui a remplacé Nicolas Revel à la tête de l’Assurance-maladie. Le ministre de la Santé y écrivait notamment que « l’implication plus forte des médecins dans l'effection des soins non programmés ne devra pas passer par une évolution généralisée de la rémunération à l'acte directe ». Une position de nouveau affirmée par Olivier Véran le 15 septembre dans les colonnes du Quotidien du médecin. « Il y aura de l’argent à investir pour la médecine de ville mais l’enveloppe n’est pas arrêtée car la négociation doit d’abord porter sur le fond. Je n’exclus rien mais soyons très clairs : on ne prend pas la direction de l’augmentation de la valeur du C. On s’oriente vers des revalorisations qui correspondent à de bonnes organisations, qui permettent un rattrapage dans certaines spécialités médicales sans actes techniques, Je souhaite qu’on puisse « équilibrer » davantage les choses, en permettant aux spécialités médicales les moins valorisées d’être mieux reconnues », indiquait le ministre.
Pour le Dr Devulder, la voie prise par le gouvernement n’est clairement pas la bonne. « Si on ne donne pas à la médecine libérale les moyens de ses ambitions, il est clair qu’on ne va pas répondre à la demande de la population », estime le président du Synmad.
D’après un entretien avec le le Dr Franck Devulder, président du Synmad et, depuis février, président des Spécialistes-CSMF.