La mise en application de la réforme du financement des urgences a fait émerger des oubliés à savoir les centres experts de chirurgie de la main identifiés dans la Fédération des services d’urgences de la main – FESUM.
Axée sur la dotation populationnelle afin de mieux répartir les allocations financières au prorata des besoins de la population, cette réforme ne concerne que les structures titulaires de l’activité de soins de médecine d’urgence au sens du code de la santé. Les urgences de la main sont au nombre de plus de deux millions de blessés chaque année (cf. livre blanc 2018) et sont canalisées à partir de tout point d’accueil en urgence sur le territoire national, vers des centres FESUM en fonction de la gravité et des ressources humaines spécialisées lors de leur accueil. Paradoxe de la vraie vie de la prise en charge des urgences, un certain nombre de centres experts SOS Mains ne sont pas labellisés « urgences » ce qui les prive ipso facto des ressources financières dont la redistribution se voulait d’être mieux répartie par le législateur !
Le premier SOS Mains fut lancé par le Pr Raymond Vilain, patron de l’hôpital Boucicault en 1972, à sa suite plusieurs pionniers en chirurgie de la main dont le futur Pr Michel Merle de Nancy, vont construire un maillage du territoire national pour aboutir en 1989 à l’actuelle FESUM. En 2023, 67 centres publics et privés sont labellisés sur des critères stricts. Cette organisation qui fonctionne depuis plus de 30 ans assure une mission de service public et est reconnue par la quasi-totalité des ARS. Celles-ci s’appuient sur l’accréditation FESUM pour ouvrir les lignes de permanence de soins en établissement de santé (PDS-ES) qui rémunèrent dans le privé la disponibilité H24 des praticiens mobilisés en astreinte opérationnelle et flèchent des moyens dédiés dans l’hôpital public. Par contre, ce financement PDS-ES ne couvre pas les frais de structure des établissements privés (accueil des blessés, ouverture des salles d’opération avec le personnel H24…).
Un oubli qui entraîne des fermetures
Cet oubli des centres experts entraîne des fermetures de salle d’opération par les gestionnaires d’établissement privés et supprime le fléchage des moyens alloués aux SOS Mains dans les hôpitaux publics qui parfois sont des CHU !
Une désorganisation des flux de blessés s’installe conduisant mécaniquement à une augmentation des sollicitations des Services d’Accueil des Urgence labellisés (SAU) et démotive les équipes non reconnues par l’État pour leur action d’utilité publique.
À l’heure où le président de la République a déclaré aux médias un objectif de désaturation des services d’urgences pour fin 2024, on s’interroge sur l’intérêt d’oublier ce qui fonctionne ! Les unités FESUM permettent un délestage efficace et reconnu des SAU. La réparation des lésions en chirurgie primaire diminue les séquelles fonctionnelles et le poids des indemnités versées. Le sujet est un enjeu de santé publique et de qualité de vie manuelle. Ces blessés - plus de deux millions - n’étant pas en état d’urgence grave, perturbent l’accueil des urgences tout-venant par leur nombre, leur possibilité de déambuler dans les couloirs, et l’expression libre du ressenti de leurs douleurs post-traumatiques ; cette situation contribue au détriment des blessés plus graves sans oublier les récriminations sur l’inégalité d’accès aux soins et parfois la recherche de perte de chance.
Le bureau de la FESUM a lancé un SOS auprès de la Direction générale de l’offre de soins (DGOS), espérant que cet oubli sera corrigé afin de ne pas se priver de forces vives et que le nouvel encadrement administratif ne crée pas un nouveau désert, celui de la prise en charge des Urgences de la main.
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