Très régulièrement les médias nous informent de faits très surprenants et souvent angoissants, nous amenant fréquemment à nous poser en toute légitimité des questions pertinentes pour notre démocratie.
Ainsi, nous ne pouvons qu’être étonnés de voir les réactions d'un nombre assez limité (disons-le) de citoyens qui manifestent régulièrement leur mécontentement vis-à-vis de la réforme des retraites qui a été votée. On peut tout à fait avoir un avis divergent des politiques, mais il est difficile dès lors qu’une loi est promulguée de s’opposer à son application.
Au-delà de cet événement, les manifestations régulièrement organisées et souvent très violentes ont d'importantes conséquences sur le quotidien de certains Français qui ne peuvent travailler (cas des commerçants), ou ont des difficultés à se déplacer. Pire, certains parisiens ont dû être évacués du fait de feux de poubelles qui menaçaient leurs appartements.
Tout aussi difficile à accepter, est la réaction inopportune des syndicats en mal de reconnaissance qui se permettent, et revendiquent des coupures de courant sur les lieux de passage du président de la République. En agissant de la sorte ils plongent dans le noir certains établissements, mais aussi les habitations et structures proches empêchant ainsi les habitants de travailler ou vivre correctement.
N'oublions pas qu’à proximité de ces zones, il pourrait y avoir des patients qui utilisent des extracteurs d’oxygène et qui vont pâtir d’une situation tout à fait inconvenante.
Ce qui est étonnant, c’est de voir que ces actes condamnables aux yeux de la loi ne sont pas pris au sérieux par l’exécutif, il est tout aussi curieux de voir ces actions soutenues par des députés qui sont les garants des valeurs de notre république. Le gouvernement, de son côté, courbe l’échine face à ces actions irresponsables afin d’éviter de mettre le feu aux poudres.
Imaginez l'équipe médicale d’un établissement hospitalier qui quitterait durant quelques heures ses fonctions pour montrer son mécontentement, cela serait à l’origine de poursuites pénales exemplaires et ne serait pas du tout du goût du peuple !
En parallèle, on ne peut qu’être édifiés de voir les conditions de vie des résidents de Mayotte qui vivent dans une insécurité croissante. Cette situation est régulièrement dénoncée par les insulaires, mais ne cesse de s'aggraver au fil des mois.
Rajoutons, le comportement quelque peu irrévérencieux du gouvernement des Comores qui refuse de récupérer ses propres ressortissants, mais surtout l'absence de réaction d’incompréhension de la part du gouvernement vis-à-vis d’un tel comportement. Il est probable que cette situation sera résolue par un accord financier entre la France et les Comores qui souhaitent de cette manière récupérer une manne financière bienvenue.
On ne parlemente plus on agit le plus souvent en toute illégalité, cela en sachant que les pouvoirs publics minimiseront les conséquences d’actes qui n’ont pas de place au sein de notre démocratie.
Dans le domaine de la santé l’exécutif manque totalement de vision objective
A contrario en ce qui concerne le domaine médical, des décisions sont prises sans réellement connaître le terrain.
Le président s’est dernièrement exprimé dans un grand quotidien national en expliquant « qu’il se tapait des corporatismes dans le domaine médical ». De tels propos sont extrêmement violents, mais aussi choquants à plusieurs titres :
• avoir un langage ordurier de ce type n’est pas digne d’un président en exercice ;
• donner ses idées sur un sujet complexe est très audacieux, car il est difficile de transposer au sein des cabinets médicaux des mesures que l’on peut appliquer au sein de ministères. La médecine est une pratique complexe parfois déroutante qui nécessite une expertise de qualité.
Comment un président peut-il parler d’un sujet avec autant de légèreté, sujet qui risque d’avoir des répercussions sur la santé des Français ?
Collaborer avec d’autres professionnels de santé est possible voire souhaitable, mais il est fondamental de bien encadrer toute l’équipe constituée.
Malheureusement cette idée de bien « border » législativement les fonctions de chacun reste très floue, et il est tout à fait compréhensible que de nombreux confrères soient, dans ce contexte, très réticents en cas d’application d’un décret.
Tout aussi inconvenant est la bataille des chiffres entre syndicats médicaux et gouvernement concernant les répercussions de la loi RIST au sein des services hospitaliers.
Le ministre de la Santé avec une mine réjouie annonce à la télévision que la nouvelle rémunération des intérimaires n'a eu aucune répercussion sur le service hospitalier.
Cependant la réalité est tout à fait différente, et on se rend compte de l’embarras de certains directeurs hospitaliers qui ferment des unités à contrecœur, ou sont contraints de lâcher du lest sur le plan financier pour garder ces professionnels indispensables au fonctionnement des services.
On méprise ces petites mains qui sont indispensables pour que certains services puissent fonctionner, et plus triste pour les Français on a recours au mensonge pour masquer les difficultés que le terrain doit affronter.
« Le propre de la sagesse et de la vertu est de gouverner bien. Le propre de l’injustice et de l’ignorance est de gouverner mal » (Platon).
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