Monsieur Macron est un homme qui se veut pragmatique.
Il y a quelques années, sans doute lassé d’entendre cette phrase qui s’était répandue dans le pays comme une traînée de poudre : « Je ne prends plus de nouveaux patients », il s’était dit : « Aujourd’hui, les médecins n’assurent plus comme autrefois la permanence des soins. Ça commence à me gonfler. Je vais leur montrer de quel bois je me chauffe ».
Et là-dessus, de démarrer un premier train de mesures, fruit d’une première réflexion (concrétisée par loi Rist du 26 avril 2021). « Ils ne veulent pas bosser, ça ne va pas être compliqué, je vais dispatcher une partie de leur champ d’action vers d’autres professionnels et vers les paramédicaux ».
Préparer l'arrivée des IPA
Depuis quelques années déjà, on prépare l’arrivée des infirmiers en pratique avancée (IPA). Elles feront les renouvellements des patients en ALD. Puis les pharmaciens vaccineront (ils se sont fait la main avec le Covid) et finiront par prescrire dans les pathologies courantes. Les sages-femmes qui voient leurs compétences s’élargir, prendront, elles, en charge la partie gynéco des médecins généralistes. Les kinés pourront travailler sans les prescriptions des médecins. On va rembourser les psychologues qui géreront une partie des pathologies anxio-dépressives courantes, etc.
Voici pour le premier volet de sa stratégie.
Puis, il a ensuite enchaîné sur un deuxième train de mesures
Fin 2022, la nouvelle convention est sur les rails, les médecins en profitent pour demander la revalorisation du prix de la consultation à 30 € (totalement justifiée, 35 voire 40 aurait même été plus pertinent, 50 € peut-être un peu fort).
Décision "Macronienne", humiliante pour la profession : « Vous voulez de l’augmentation. Attendez un peu, Vous allez voir ce que je vous ai concocté. Vous aurez 1,50 € par consultation, pas un centime de plus. Sauf, sauf… sauf si… ».
Ici le camouflet est de taille !
« Sauf si vous signez mes contrats d’engagement territoriaux, vous aurez le droit à un peu plus… Mais, attention, vous devrez vous plier à quelques contraintes… ».
Alors les médecins se sont dit : « On ne peut pas accepter un tel état de sujétion. On fait de la médecine libérale ou quoi ! ».
Les syndicats sont vent debout contre cette cascade d’avanies : pour commencer, le dépeçage de la médecine générale, ensuite, le refus du gouvernement d’augmenter décemment la consultation, sauf au travers des CET [contrat d'engagement territorial, NDLR].
Ils tiennent bon. Les négociations avec la Cnam vont capoter le 28 février. Le lendemain, au Sénat, la loi Rist est un peu bousculée ! Le dépeçage organisé de la médecine générale semble reporté à plus tard. Les stewards ne prendront pas tout de suite les commandes des avions de ligne pendant les phases de croisière des vols.
Mais bon sang ! On aurait aimé un Président plus franc du collier, qui nous aurait expliqué le fond de sa pensée plutôt que d’avancer ses pions, avec cette suffisance qui colle toujours à la peau des personnes dotées d’une intelligence supérieure à la moyenne.
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