Le constat de ce député sur la réalité de la crise est exact et tout le monde la connaît mais il se trompe d’objectif et de moyens pour la résoudre.
Ce constat est sans appel : nous manquons de professionnels pour couvrir nos besoins de santé et cette tendance devrait s’accentuer avec l’accélération de la transition démographique de la population.
Certes 87 % du territoire national est un désert médical, résultat d’une longue fragilisation du système de santé et d’aspirations professionnelles des nouvelles générations jusqu’à présent mal anticipées. Les retards de prises en charge, qui en sont souvent la conséquence, peuvent entraîner des pertes de chance pour les patients.
Environ 1,6 million de Français renoncent chaque année à des soins médicaux. 11 % des Français de 17 ans et plus n’ont pas de médecin traitant, 45 % des généralistes seraient en situation de burn-out, la moitié a plus de 50 ans.
Une répartition inégale sur le territoire
Ces inégalités sont particulièrement marquées chez les médecins, une quarantaine de départements sont aujourd’hui sous le seuil de 40 spécialistes pour 100 000 habitants. Parmi les spécialités les plus touchées, on trouve la gynécologie et la pédiatrie.
Le premier objectif de cette proposition de loi est de répondre à ces inégalités territoriales. Elle obtiendra l’inverse avec le risque de déconventionnement. La Loi Rist et le projet de PPL Valletoux présenté à l’Assemblée nationale en juin accélèrent ces choix. Les conflits avec les médecins vont s’accélérer.
La situation de la ville
La surcharge des obligations est telle que les anciens médecins ne veulent plus prendre de nouveaux patients ni prendre de gardes. Plus de six millions de Français n’ont plus de médecin. 700 000 malades en ALD n’ont pas de médecin traitant.
Il faut six mois d'attente pour un rendez-vous chez un spécialiste.
On pensait que « moins de médecins entraîneraient moins de dépenses ». Il en fut de même pour les paramédicaux avec les 35 heures pendant la période Jospin/Aubry/DSK. Les conséquences sont désastreuses, tant sur la formation, le nombre de soignants que sur l’organisation générale du système de soins. Elle est plombée par les déficits et paralysée par le système qu’elle a créé.
L’hôpital
Faute de personnels soignants, de nombreux services d’urgences ferment ou sont à la peine. Des dizaines de milliers de lits ont été supprimées pour appliquer la politique de la T2A, l’hôpital à flux tendu. Parmi les 20 % des lits restants, nombre de services d’urgences et de nombreux blocs opératoires sont encore fermés dans certains hôpitaux par manque de personnels.
Les praticiens des CHU ne peuvent plus accomplir la triple tâche, soins enseignements recherche avec le poids administratif qui multiplie les réunions et les obligations non soignantes. Les démissions se multiplient.
La pensée unique « Moins de prescripteurs pour avoir moins de dépenses a montré son échec et a multiplié les doublons des agences ! »
Les contraintes du projet de loi Valletoux vont aggraver la situation et risquent d'entraîner des déconventionnements en chaîne. « Sans changer les orientations politiques qui ont amené cette crise et sans simplifier l’organisation, le système va continuer de s’effondrer ».
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