« Gérard j’ai tout foutu en l’air, j’ai insulté B… (un membre du comité d’entreprise) ».
Nous sommes en 1999, Philippe et Marie-Claude Tesson m’ont demandé de prendre leur suite à la direction du Groupe Quotidien, ma première journée s’annonçait tendue.
L’affaire s’arrangea vite : Tesson était admiré jusque dans les rangs de l’opposition. Sa fougue et sa passion emportaient tout.
Séducteur, il éblouissait par son intelligence, sa vivacité et le regard qu’il portait sur chacun, sans préjugés. Il n’était d’aucun camp, son jugement sur les hommes ne subissait aucune influence idéologique ou partisane. Surdoué, il brillait partout : presse, théâtre, musique. D’un mot il donnait confiance à ses collaborateurs. Proche de tous, il ouvrait toutes les portes. Philippe Tesson et Marie-Claude, c’était le feu et la glace, si différents et si complémentaires…
Notre collaboration a ainsi duré quelques mois. Nous nous sommes revus de loin en loin : Philippe ne vous oubliait jamais. Un de ces déjeuners me restera toujours en mémoire : assis à côté du rédacteur en chef de Paris Match qu’il ne manqua pas de me présenter, il me disait sa certitude des bouleversements terroristes à venir. À la table de nos voisins, d’un coup, l’agitation gagne, tous quittent la table précipitamment. En se levant le rédac chef de Match nous glisse « un avion s’est écrasé sur les tours jumelles », c’était le 11 septembre 2001.
Nous avons perdu un humaniste ouvert au monde, irremplaçable.
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