Assurer la régulation déontologique de la profession médicale, cette mission, le Conseil de l’Ordre la met en avant sur son site internet. Rappelons que l’institution de droit privé chargée d’une mission de service public a été créée en 1940 sous le régime de Vichy, et établi sous sa forme actuelle en 1945. C’est donc l’organisme national chargé de veiller à la qualité de l’exercice médical français, au respect de règles qu’elles soient déontologiques ou réglementaires. Cette fonction réglementaire du Conseil de l’Ordre est celle qui permet de définir les conditions d’exercice et d’installation notamment. C’est grâce au conseil que l’on peut distinguer un exercice authentique d’un exercice illégal de la profession médicale.
Le Conseil de l’Ordre est également chargé de conseiller les pouvoirs publics quant à l’exercice de la médecine sur tout le territoire, et établit aussi chaque année un rapport appelé Atlas de la démographie médicale, véritable mine d’or d’information sur l’évolution de l’exercice médical en France. Ces observations servent en général à organiser et à penser les politiques sanitaires de demain en termes de démographie et répartition sur le territoire, tout autant que de besoins en médecins selon la zone géographique. C’est d’ailleurs cet Atlas, pour qui s’y intéresse un peu, qui permet d’affirmer qu’il n’existe plus (ou quasi) de zone surdotée en médecins et que même les grandes métropoles françaises sont bien souvent d’authentiques déserts médicaux voués à s’aggraver dans les 5 à 10 ans à venir.
Mais dans les faits…
Sur le papier donc, le rôle du Conseil de l’Ordre est primordial, en garant du bon exercice de la profession et, par ricochet, de la qualité des soins apportés à la population. Sur le papier, oui. Mais dans les faits, la situation est toute autre. Je vais utiliser, une fois n’est pas coutume dans ce billet d’humeur, la première personne du singulier. Car j’ai un conflit d’intérêts à déclarer à vous, chers lecteurs. J’ai été le signataire de la tribune de 2018 sur les médecines dites alternatives, qui m’a valu une plainte par le Syndicat national des médecins homéopathes français (SNMHF) pour non-confraternité. Car tous les signataires avaient eu l’outrecuidance de clamer haut et fort qu’aucune étude n’avait prouvé l’efficacité des « traitements » homéopathiques (alias du sucre, ni plus ni moins). Et le Conseil de l’Ordre aurait dû jouer son rôle de garant de la profession et siffler la fin de la récréation en se basant sur les études scientifiques dignes de ce nom. Nous étions répartis sur toute la France. Certains d’entre nous, dont je fais partie, ont été relaxés par leur Conseil régional. D’autres ont reçu un blâme. Pour la signature du même document. Un appel étant en cours, il reviendra au Conseil national de trancher au final. Mais on peut s’interroger sur cette impression de deux poids, deux mesures, selon la zone géographique dans laquelle on exerce.
Pire encore que mon petit cas personnel, vient l’affaire dite de l’hydroxychloroquine et de l’IHU de Marseille. Au-delà du débat presque passionnel sur l’efficacité de cette molécule sur l’infection à Sars-CoV-2 et l’autoproclamée « élite » mettant en avant cette thérapeutique, il est maintenant prouvé qu’un essai thérapeutique a été réalisé sans aucune disposition réglementaire, sans aucun respect des procédures légales en cours, censées être là pour protéger les patients. Dans ce contexte d’essai non autorisé, nous étions nombreux à attendre une réaction de notre Conseil de l’Ordre, garant du respect des institutions et de notre profession. Il semblerait qu’il soit plus problématique d’être non confraternel en parlant de médecines alternatives, que de s’improviser meneur d’essais thérapeutiques avec des molécules pouvant entraîner des effets indésirables graves voire létaux chez certains patients. Mais jusqu’ici, aucune sanction, que ce soit pour l’élite marseillaise, ou pour certains confrères ayant fait l’apologie de menaces contre certains directeurs d’ARS. Ces derniers ayant même vu une sanction initiale annulée par… le Conseil de l’Ordre des médecins.
De la même manière, on peut s’interroger sur le fait qu’un confrère ayant consulté le dossier vaccinal du Président de la république soit sanctionné (ce qui est, pour le coup, une décision semblant logique de la part d’un conseil chargé de faire respecter la déontologie) de deux semaines d’interdiction d’exercice, là où, à Marseille, il n’y a eu aucune sanction. Il en va pourtant, à mon sens, d’une question d’honneur de notre profession et d’absence d’esprit corporatiste. Le Conseil de l’Ordre assure le bon ordre de notre profession grâce à ses membres élus par les médecins eux-mêmes. Mais qui conseille les membres du Conseil ?
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