Le Pr Philippe Van Es, décédé accidentellement ce 27 octobre, a été un grand militant de la médecine générale, qu’il a exercée depuis les années 1970, d’abord à Mer (Loir-et-Cher), puis à Paris de 1978 à 2008. Membre du SMG dès sa fondation en 1975, il a dirigé la rédaction de Pratiques, les cahiers de la médecine utopique au début des années 1980. Il a participé au Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (MLAC) dès avant la loi Veil.
Il s’est investi très tôt dans la SFTG (Société de formation thérapeutique du généraliste), fondée en 1977.
Touche-à-tout en ce qui concerne la médecine générale prospective, il a pratiqué une médecine à l’écoute du patient centrée sur sa globalité psycho-sociale, a participé très tôt à des travaux de recherche et a su transmettre aux plus jeunes son enthousiasme de la rencontre avec le patient.
Il a aussi expérimenté le travail collaboratif entre médecins hospitaliers et généralistes en créant une structure de relation « ville-hôpital » : l’ABCD (Association pour une bonne coordination diagnostique, 1985-1988). Il s’est engagé ensuite dans le soutien aux patients porteurs du VIH en participant à la création du réseau ville-hôpital Paris Rive Gauche, dans lequel la collaboration au-delà du médical et du paramédical impliquait le social et le juridique.
La fin des années 1980 lui a permis de mettre un pied à la faculté en participant à l’enseignement (expérimental à l’époque) de la médecine générale et de ses concepts. Participant au mouvement de théorisation de la médecine générale, il a occupé dès 1993 un poste de maître de conférences-associé, puis de professeur, d’abord à Paris-Broussais, plus tard à Paris-Descartes. Parallèlement, il s’est investi dans l’évaluation des pratiques (Andem).
Il a fait partie de ces médecins qui ont, depuis ces 40 dernières années, inventé et théorisé une pratique de la médecine générale, qui a permis d’obtenir la reconnaissance de la discipline au sein de l’Université. Il a poursuivi jusqu’en 2020 son activité universitaire en tant que professeur émérite et participé activement à l’écriture d’une histoire de la médecine générale de 1945 à nos jours.
Dr Yves Gervais (Caen) et Dr Jean-François Huez (Angers)
Vous avez été nombreux à participer à notre sondage web « Faut-il rendre obligatoire un passage en désert médical pour les jeunes généralistes, comme le propose le Pr Juvin ? ». 72 % d’entre vous pensent que « non », 22 % « oui » et 6 % « ne savent pas ».
On ne peut pas demander à des médecins débutants de voir 40 malades par jour. Un débutant a besoin de temps pour apprécier les situations cliniques et connaître ses patients. Si ce dispositif était mis en place, il faudrait prévoir des effectifs importants. Pour éviter les burn-out dont on parle tant, pas de médecin isolé !
Dr Marceau
Nous lisons et entendons sans cesse des confrères gémir sur leur solitude, leur suractivité, leur manque de vacances, et qui s’étonnent de ne trouver personne pour leur succéder. Avec un tel tableau, il faudrait être maso pour y aller quand on a 30 ans. Ces déserts médicaux peuvent pourtant offrir un cadre de vie intéressant (les déserts médicaux ne sont pas nécessairement des déserts) : c’est ce que j’ai connu et valorisé auprès de mes internes de 3e cycle, et je n’ai eu que l’embarras du choix pour ma succession.
Dr Guy V
C’est vous qui le dites
« De toutes les formes possibles de régulation, ils ont décidé de voter la plus idiote »
Régulation de l’installation : une fausse bonne idée
Aptitude physique
Appendicite aiguë : l’évolution des pratiques