La semaine dernière, dans notre rubrique « Coin des internes », la chronique de l’interne en médecine générale DocTotoscope vous a fait réagir. Elle y racontait qu’elle voit régulièrement, aux urgences, des spécialistes refuser de prendre dans leur service des personnes, pourtant autonomes et actives dans leur vie quotidienne, car elles sont âgées.
La société veut effacer notre passé et nos racines : on parque les vieux dans des Ehpad, on les laisse progressivement tomber, alors qu’ils sont notre mémoire. Où sont ils ? Sortez dehors, comptez-les, on n’en voit plus.
Caracciola (pharmacien)
Ce n’est pas vrai partout ! À Troyes, ma mère de 96 ans, avec des antécédents polypathologiques (stents, cancer du rectum à 50 ans avec fistule rectovaginale récente, ulcérations…), victime d’une fracture du col du fémur un matin à 6 heures, a été opérée l’après-midi même et, deux mois après, a bien récupéré !
Dr Roland D
Nous sommes pour l’avortement et l’abandon plus ou moins clair des personnes âgées.
On les pousse un peu vers la sortie et on les laisse mourir. En revanche, nous sommes contre la peine de mort. Nous avons des principes, sapristi !
Dr François Picot
Vous en verrez bien d’autres, des vertes et des pas mures, ainsi va le monde qu’on nous a construit, basé sur les loisirs et la consommation grâce à l’exploitation des pays dits en voie de développement. Oh, je ne critique personne, tension de travail permanente pour cause de rentabilité maximale. Mon père, il n’y a pas si longtemps, est parti en maison de retraite car il tombait chez lui. Là-bas, au bout de 8 jours, il tombe dans la salle de bain et est retrouvé dans un bain de sang. Il part donc en CHU. Horreur en salle d’attente : mon frère et ma sœur, qui attendaient, entendent un aide soignant demander : « Le vieux qui est sur un brancard dans le couloir, qu’est-ce qu’on en fait ? » Réponse hallucinante de l’interne : « Quel vieux ? Ah, ça presse pas… » Qu’on le pense, je veux bien, mais qu’on le crie dans les couloirs pour que la famille entende, c’est une honte ! Il est décédé le lendemain sans avoir eu le moindre examen par un médecin.
Dr Yves A
Trouvez-vous normal que la clause de conscience s’applique à la prescription de contraceptifs ?
Nous devons pratiquer la médecine sans jugement. Alors, prescrire un contraceptif ou un antidouleur, je ne vois pas la différence… Cessons de mettre de la religion partout et soyons humains avant tout.
Dr Christine C
Personnellement, je prescris depuis toujours les contraceptifs, mais je suis attaché aussi à la clause de conscience, dont on nous dépouille petit à petit. Je suis bien content d’arriver à l’âge de la retraite !
Dr Dominique B
Clause de conscience… Conscience de quoi ? Quand on est médecin, on pratique la médecine, TOUTE la médecine. On ne choisit pas une médecine à la carte. Je suis médecin généraliste, j’ai avorté et je suis à l’aube d’adopter un petit bout après cinq ans de PMA. Pas une seconde je n’ai regretté mon choix de faire une IVG. Un enfant n’est pas un objet et la vie est suffisamment incertaine pour essayer, au moins au départ, de lui offrir des conditions de vie qui semblent acceptables (chacun a son référentiel). Dans mon cas, ces conditions n’étaient pas réunies et je mesure la chance que j’ai d’avoir pu finir mes études et d’avoir eu le choix.
Dr Magali M
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