Historiquement, le secteur de la santé s’organisait autour de deux piliers : d’un côté, l’hôpital pluridisciplinaire et de l’autre des cabinets individuels spécialisés dont l’archétype est le médecin de famille. Au début des années 2000, face à l’engorgement des hôpitaux, de nombreuses réformes se suivent afin de rationaliser le parcours santé et d’alléger la charge sur les services publics.
La mise en place des Maisons de santé pluridisciplinaires (MSP) en 2007 et l’introduction de la Société interprofessionnelle de soins ambulatoires (SISA) en 2011 créent ainsi un cadre juridique favorable au regroupement de différents spécialistes de la santé autour de structures privées pluridisciplinaires. Le modèle semble séduire les professionnels de la santé qui le plébiscitent largement : le nombre de MSP passe ainsi d’environ 150 en 2010 à environ 1 600 en 2022 (source : ministère de la Santé). La jeune génération donne le ton : d’après une étude de la Drees (direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques), près d’un quart des moins de 50 ans exerce au sein d’une MSP contre seulement 9 % chez les plus de 60 ans.
Besoin de flexibilité et de convivialité
En effet, pour les professionnels de santé libéraux, s’associer offre de nombreux avantages et favorise l’amélioration des conditions de l’exercice libéral. Premièrement, la mutualisation des charges (secrétariat, systèmes informatiques, matériel médical et locaux…) et l’allègement de la part d’administratif (organisation des plannings, gestion des remplacements…) donnent l’occasion de se concentrer sur leur cœur de métier et de remettre le patient au centre de leurs préoccupations. Mais au-delà de ces éléments purement financiers et logistiques, ces avantages leur permettent, en plus d’exercer leur profession dans un cadre convivial et offrant plus d’interactions et de coordination avec des confrères (concertation pluriprofessionnelle autour des dossiers patients, mise en place d’actions collectives, échanges de pratiques…). Côté patientèle, le parcours santé est ainsi simplifié avec une prise en charge et un accès aux soins facilité, notamment en cas d’urgence.
Si l’organisation en MSP répond en partie à ces besoins, certains praticiens souhaitent néanmoins garder la main sur leurs honoraires et leur patientèle. C’est donc à l’émergence d’une sorte de coworking médical qu’appelle de ses vœux cette nouvelle génération de médecins. Avec des conséquences bien réelles en matière d’immobilier.
Mutualiser pour mieux consommer
Ainsi, à l’instar des bureaux il y a quelques années, le secteur de la santé entre lui aussi dans une phase de « mutualiser pour mieux consommer ». Quelles sont les spécificités de ces espaces de coworking médical ? De la location de boxes de consultation nus à la mise en commun d’une gamme complète de matériel médical, les modèles (et donc les objets immobiliers) sont nombreux et divers. En fonction des besoins, ils peuvent être agréés pour être des établissements recevant du public (ERP) ou seulement pour accueillir des personnes à mobilité réduite (PMR), avoir des contraintes techniques importantes en cas d’installation de matériel lourd, ou non.
Résultat de cette mutation de la profession, un cercle vertueux se met progressivement en place à mesure que les investisseurs, les opérateurs et les professionnels de l’aménagement affinent leur connaissance des besoins des praticiens. Le coworking médical n’est donc plus un mode d’exercice de la profession marginal pour des usages de niche. La maturité croissante des acteurs du secteur s’accompagne en effet d’un enrichissement des offres en termes de spécialités couvertes, de surfaces, d’équipements ou encore de services. De quoi répondre à un très large éventail d’usages.
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