Courrier des lecteurs

« Bosser de 6 à 22 heures, non merci ! »

Publié le 05/02/2022
Il y a une quinzaine de jours, la Cnam ouvrait une campagne de recrutement de médecins conseil pour 2022. Nous avions alors publié le courrier du Dr Pierre Frances (n° 2973), selon qui le recrutement de ces postes administratifs se fait au détriment de la présence des médecins libéraux sur le terrain. L’un de nos lecteurs a souhaité réagi à son tour.

Crédit photo : BURGER/PHANIE

Cher confrère, je fais partie des très jeunes médecins et je me suis installé cinq ans en désert médical. Je ne veux plus de cette vie-là. Je ne veux plus être corvéable à merci. Je ne veux plus être la rustine entre un hôpital défaillant et des patients toujours plus exigeants. Alors oui, j’ai rejoint la Sécu. Et oui, on est payés sur 14 mois (mais avec un salaire annuel très bas pour la profession, surtout pour les jeunes, car le salaire est fonction de l’ancienneté).

Depuis que je suis à la Sécu (cela fait 6 mois), je suis enfin un père pour mes enfants, un compagnon présent, j’ai le temps de faire plein d’autres choses (bricolage, jardinage, vélo, randonnées). Et quand je coupe mon ordinateur le vendredi à 17 heures, je n’emporte pas de charge mentale avec moi.

Vous souhaitez qu’il n’y ait plus de médecins à la Sécu ? Fort bien. Je ne retournerai pas dans un cabinet pour autant… Les postes de salariés se multiplient. Attention, je généralise ensuite et je ne prétends pas que 100 % des jeunes médecins pensent comme moi mais, en gros : ma génération veut les 35 heures, les congés payés et travailler en équipe. On ne rêve plus de bosser de 6 heures à 22 heures, d’être vus comme les sauveurs appelables à toute heure (notamment à 2 h 30 du matin pour la rhino afébrile du gamin de 10 ans). Car, au final, à quoi cela aboutit en général ? Divorce du conjoint, enfants malheureux, burn-out ou AVC/IDM passé la cinquantaine…

Ah, ça, il y a du monde pour enterrer le médecin et dire qu’« il était bien ! ». Et après… Ben, les gens passent à autre chose. Mais le pauvre doc, ben, c’est fini pour lui. Quand certains médecins auront compris qu’ils ont trente ans de retard dans leurs idées, on aura fait des progrès.

Dr Elendir


Source : lequotidiendumedecin.fr