J’en ai vu un, il y a deux mois ! Au milieu des feuilles mortes et des branches d’arbres vermoulues, au cœur des cloportes et des champignons bruns… un amas jaune fluo. Un truc spongieux, presque gélifié, ressemblant à du slim posé sur un tronc d’arbre. « Tsss ! Tchernobyl », me dis-je… « Non, une vie alien », ai-je renchéri ! Raté. C’était un blob, et je l’ai su hier par hasard en préparant le présent article.
Le Physarum polycephalum est issu de la famille des Physaraceae et du règne des Amoebozoaires. Vous n’avez rien compris ? Moi non plus. En gros, c’est un organisme unicellulaire, comprenant plusieurs milliers de répliques de son noyau, un eucaryote donc, dont on a longtemps cru à tort que c’était un champignon polynucléaire. Ah ! Autres faits à retenir, cette cellule doublerait de taille tous les jours, peut se déplacer de 1 cm/h en étirant sa membrane, aurait 720 types sexuels différents, serait quasiment immortelle, peut apprendre, alors qu’elle ne possède pas de système nerveux central, et transmettre des informations à ses congénères en… fusionnant avec eux (création de ponts entre les cellules).
Le blob peut aussi anticiper des événements périodiques, se balader et résoudre un labyrinthe ou certains puzzles géométriques pour satisfaire et optimiser ses besoins en nourriture. C’est bien un alien, finalement, prêt à nous envahir… La théorie du complot n’est pas loin ! On lui donne à manger des flocons d’avoine en labo, si-si ; dans la nature, il avale des bactéries, des microorganismes et des spores de champignons… Quel rapport avec la santé ? Aucun.
En préparant cet article, j’avais prévu de vous parler de la vie dans l’espace, ou plutôt des expériences qu’on y mène sur l’homme. Mais le blob m’a gobée… Outre le fait que cet organisme soit utilisé pour des expériences sur la motilité cellulaire, et qu’il produirait aussi des antibiotiques, il est parti dans l’espace en 2021 avec notre astronaute préféré pour tester son comportement et cette motilité justement, en micropesanteur avec, sur la terre, des milliers d’élèves faisant la même expérience au même moment. Le projet pédagogique de rêve. Audrey Dussutour, directrice de recherche au CNRS qui a eu la charge de cette expérience, espérait observer de belles structures géométriques 3D. Mais attention… Pas si simple le voyage interstellaire. Hors de question que Bloby s’échappe pour chercher à becter partout dans la station spatiale : une boîte, dans une boîte, dans une boîte, a été conçue pour bien enfermer le coquin. De quoi écrire une nouvelle série SF…
Les résultats ? Il va falloir être patient, Bloby est toujours là-haut… Assez parlé de lui, voulez-vous ? D’autres expériences essentielles, plus orientées « santé », ont eu lieu sur l’ISS.
D'autres expériences sur la santé en apesanteur
Un bandeau frontal doté d’un capteur électroencéphalographique (appelé Dreams) visant à analyser le sommeil des astronautes a été testé sur Thomas Pesquet. L’objectif ? Voir l’impact du confinement et de la micropesanteur sur le sommeil en vue… d’un voyage sur Mars. Il s’agira, grâce aux analyses permises par Dreams, de mettre en place des thérapies cognitives afin d’améliorer l’endormissement ou le ré-endormissement des astronautes lors des phases de réveil nocturne. Total recall : nous voilà !
Les conséquences de la micropesanteur sur l’organisme sont connues ; pertes de masse osseuse et musculaire sont les principales… Deux heures d’exercices physiques quotidiens sont obligatoires pour les astronautes, dans un petit espace clos : répétition et enfermement sont les fondements de l’ennui et de la démotivation. Un casque de réalité virtuelle immersif, une paire de chaussures de cycliste dotée de capteurs de cadence, permettent désormais aux astronautes de pédaler dans la station spatiale tout en se promenant… sur terre à une vitesse suivant la cadence du pédalage.
On vieillit plus vite dans l’espace. Un mois équivaudrait à un an sur terre, les radiations ionisantes y seraient pour beaucoup… Le syndrome d’Hutchinson-Gilford est responsable d’un vieillissement prématuré des enfants qui en sont atteints. Etudier le développement et le vieillissement de cellules nerveuses dans l’espace pourrait favoriser grandement la recherche sur ce type de maladies génétiques. Cela permettrait aussi de connaître les effets sur des astronautes des voyages lointains et habités. Tout l’enjeu de l’expérience réalisée par Thomas Pesquet était de prouver que cela était techniquement réalisable.
En parlant de voyages lointains… Lancée le 14 avril, grâce à Ariane 5, la sonde spatiale Juice est maintenant en route vers Jupiter, enfin, vers ses lunes, gorgées d’eau sous leurs surfaces… L’eau… La vie ? Des décennies de préparation pour une arrivée prévue dans 8 ans.
Insterstellar, quand tu nous tiens !
Source : Centre national d’études spatiales, European Space Agency, Museum national d’histoire naturelle et CNRS
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