Aristote nous apprend que la cause de la mort (en dehors de la maladie) est l’érosion tri quotidienne par l’alimentation. Pour être assimilés (rendus semblables aux tissus qu’ils nourrissent), il faut aux organes, une quantité (X) d’énergie supérieure à celle (Y) apportée par les aliments.
Il s‘ensuit une érosion inéluctable qui conduit à la déperdition des fonctions vitales. On pourrait donc prolonger sa vie, soit en diminuant X (en mangeant moins) soit en augmentant Y (en consommant des aliments complètement assimilables, tels Le Nectar et L’ambroisie qu’ingéraient les Dieux de l’Olympe et qui les rendaient immortels) soit en réduisant X (régimes de tous poils) et en même temps en majorant Y (aliments sans résidus, tels que ceux prescrits pour la préparation des coloscopies et pour lesquels, ingérés toute une vie, il faudrait un fervent désir d’éternité !).
La posture ou la quête de vérité requièrent majoritairement une quantité d’énergie supérieure à celles du mensonge. Le mensonge est une faculté adaptative face aux contradictions de la réalité.
Le mensonge par omission (sous-entendu d’une réalité) est le parangon de ce gain d’énergie. À l’inverse certains mensonges requièrent plus d'énergie que la vérité, c’est le cas du criminel qui essaie de faire rentrer ses mensonges dans une réalité qui y demeure étanche.
Le questeur de vérité est psychorigide à la façon dont Foucault affirme : « La raison c’est la torture. Pourquoi ? Et bien, la raison inclut la pensée dans des relations ordonnées, mais les ordres éliminent nécessairement d’eux-mêmes les éléments qui résistent à l’ordre. Par conséquent les ordres sont une violence ». Ou de Castoriadis : « L’homme est cet animal fou dont la folie a inventé la raison »
L’espérance de vie du menteur est supérieure à celle de celui qui veut vivre dans la vérité. Platon nous avait déjà amené la supériorité du menteur sur l’ignorant puisque le premier connaît la vérité et l’occulte, le second ne la connaît pas.
Zeus a distribué ses dynaméeus à Epiméthée (qui ne réfléchit pas avant l’action) et à Prométhée (qui réfléchit avant d’agir), le premier ayant distribué sans compter toutes les vertus dont il disposait, aux animaux, il ne restait au second que le feu, qu’il est allé dérober aux dieux, pour protéger l’homme.
Mais le mensonge semble être un bien plus grand pouvoir que le feu, pour survivre, parmi les animaux et nos semblables. Rien n’est plus contraire à la nature d’un éléphant que d’écraser avec sa patte la tête d’un supplicié. Il faut tous les tromperies de son dresseur pour qu’il s’y résolve ! Chaque jour son cornac, en qui le proboscidien a une confiance absolue, creuse une plaie dans un antérieur, qu’à la fois il attise et panse avec un onguent aux fragrances puissantes. Le jour du supplice, la plaie est tellement avivée que seule la tête du condamné ointe de cette préparation est à même de la soulager. L’éléphant, sans ces mensonges, aurait eu tôt fait d’écraser son dresseur !... Qui a augmenté son espérance de vie, comme Talleyrand, par son génie des mensonges et compromis, sa durée de vie politique.
Si l’on pouvait mentir à sa maladie, ou à son âge (pour les biens portants) et à la parfin mentir à la mort qui clôture la vie (ce tissu de contradictions sur l’étendue duquel le questeur s’évertue et s’épuise à dénoncer par des vérités), nous serions éternels ! Il ne s’agit pas ici de restaurer, de réhabiliter, de valoriser le mensonge, nous qui recherchons la vérité opposée à la fausseté, mais de lier le mensonge à une économie de vie en le dépoussiérant de son image négative.
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