Le Quotidien du Médecin du 27 novembre (« Le député Grelier veut la reconnaissance de la Nation pour les professionnels de santé décédés du Covid ») m’a appris le projet de loi déposé par le député (LR) J-C Grelier visant à faire considérer les professionnels de santé décédés dans l’exercice de leurs fonctions pendant les crises sanitaires comme « morts pour la France ». Et cette initiative m’amène à réagir. Malgré tout le respect et la reconnaissance qu’une nation peut avoir vis-à-vis de nos confrères ou de nos amis paramédicaux décédés dans ces conditions une telle mesure ne semble pas adaptée.
Mort pour la France, ça veut dire quoi ? C’est une dénomination réservée en principe aux militaires tombés au combat. Mais dans la vie civile ? D’abord, pourquoi seulement en cas de crise sanitaire ? Pourquoi par exemple, un médecin généraliste, un psychiatre ou un infirmier psychiatrique décédé à la suite d’une agression par un patient forcené n’aurait pas droit à la même « faveur » ? Depuis les débuts de la médecine, les pathologies infectieuses ont parfois touché des professionnels de santé ; c’est une donnée qu’ils ont tous intégrée avant de s’engager dans ces métiers et cela fait partie d’un risque délibérément encouru et calculé. Pourquoi ne pas accorder aussi cette considération posthume aux sapeurs-pompiers, sans doute plus souvent mortellement atteints dans l’exercice de leurs fonctions ?
En revanche, on peut se demander pourquoi le statut de « Mort pour la France » n’a pas été immédiatement attribué à des gens comme le Lieutenant-Colonel Arnaud Beltrame, décédé à Béziers en se substituant à une otage, ou au professeur Samuel Maty, assassiné sauvagement et décapité dans des conditions atroces, récemment, en région parisienne. Ces deux personnes particulièrement héroïques mériteraient même d’être déclarés « morts au champ d’honneur » et de bénéficier d’une stèle commémorative au lieu même de leur disparition.
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