Au Théâtre de Poche, « la Médiation »

Vertiges du désamour

Publié le 14/01/2016
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Une comédie de mœurs

Une comédie de mœurs
Crédit photo : B. ENGUERAND

Pierre (Julien Boisselier) et Anna (Chloé Lambert) se sont aimés. Mais à peine un enfant s’annonçait que le brillant paléontologue avait fui. Quelques années plus tard – le petit garçon a 3 ans –, ils sont reçus par une médiatrice (Raphaëline Goupilleau) et son assistante (Ophélia Kolb), qui est aussi sa fille. Deux histoires se croisent en une suite de scènes très intelligemment composées et jouées avec esprit.

Cela pourrait être un drame terrible et sans doute l’auteur s’est-elle inspirée de souffrances éprouvées pour composer cette comédie finement conduite, qui fait beaucoup rire, malgré la cruauté qui s’en dégage. L’homme est immature et pourtant brillant savant, il a des tendances narcissiques fortes, peut-être est-il obscurément pervers. Face à lui, une jeune femme sincère et responsable s’inquiète de l’avenir de leur enfant et de la désinvolture avec laquelle le père assume ses responsabilités. Au fil des mois, ils se rencontrent dans le bureau de la médiatrice, dont il apparaîtra très vite qu’elle a d’autres problèmes à affronter.

Dans la pièce de Chloé Lambert, personne n’est parfait, à commencer par celle qu’elle incarne. Elle ne se donne pas le beau rôle. Elle montre les excès, les faiblesses, voire la mauvaise foi du personnage. Elle montre quatre humains qui ont une épaisseur et dont elle brosse les portraits avec infiniment de tact. Julien Boisselier, qui met en scène, a su imprimer un rythme excellent à la représentation et joue d’une manière irrésistible son personnage a priori pas très sympathique.

Chloé Lambert signe une pièce très réussie, une comédie de mœurs de notre temps. Elle excelle à donner à chacun des protagonistes une manière de s’exprimer très particulière, une vérité. Interprète, elle est aussi sensible que belle et touchante. Face à elle, Julien Boisselier compose un Pierre très imbu de lui-même, mais beaucoup plus complexe qu’il y paraît au début. Raphaëline Goupilleau, comédienne excellente et rare, doit être dans une certaine rigidité (de la fonction), mais laisse magistralement deviner les fêlures.

Montée avec soin dans un décor de Jean Haas, cette comédie touche et fait beaucoup rire. À déguster vivement !

Théâtre de Poche-Montparnasse, à 21 heures du mardi au samedi, à 15 heures le dimanche. Tél. 01.45.44.50.21, www.theatredepoche-montparnasse.com.
Armelle Héliot

Source : Le Quotidien du Médecin: 9462