Vertiges de l’art du conte

ALEXIS MICHALIK a écrit ce texte pour un festival que l’on apprécie beaucoup, celui du Ciné-Théâtre 13. Puis il l’a étoffé et présenté l’été dernier à Avignon off. Au Théâtre 13, sur le plateau en arrondi de la salle Jardin, cinq comédiens nous attendent. Un peu plus d’une heure trente durant, ils vont nous conduire sur des chemins escarpés : on suit le fil d’une narration tout en arabesques, incises, sauts dans le temps et dans l’espace, télescopages d’époques, troubles de la reconnaissance ou du sentiment du déjà vu, déjà vécu. Les « personnages » sont très nombreux et les cinq interprètes, passent d’une partition à l’autre avec maestria. Ici, on croit avec presque rien, comme si nous étions tous des enfants en train de jouer.

Tout commence dans un cimetière des Ardennes, où un certain Martin Martin doit enterrer son père. L’idée est venue à l’auteur, dont c’est le premier texte personnel (avant, il était à l’école des très grands et montait par exemple « la Mégère presqu’apprivoisée ») dans un cimetière des Vosges.

Il faut accepter le principe, accepter les secousses, les sauts, les lacunes, il faut accepter d’être embarqués et alors on se retrouve charmé, littéralement, par les personnages du réel (Alexandre Dumas fils, Clément VI) et les personnages de la fiction, Martin, Henri, Jeanne, Alia, et tant d’autres. Charmé par l’histoire et les histoires, par l’Histoire et les secrets plus ou moins imaginaires.

Saluons donc l’équipe des interprètes, si doués : Amaury de Crayencour, Evelyne El Garby, Magali Genoud, Eric Herson-Macarel, Régis Vallée et l’auteur-metteur en scène Alexis Michalik. Il y a dans ce travail une probité, un goût du théâtre, une amitié pour le public qui touchent. Et puis l’on rit, on est ému, on s’interroge, on tremble : bref, il y a du feuilleton haletant dans « le Porteur d’Histoire », et ce n’est pas le moindre de ses charmes !

Théâtre 13-Jardin (103 A, bd Auguste Blanqui, 75013, tél. 01.45.88.62.22, www.theatre13.com), à 19h 30 les mardi, jeudi, samedi, à 20 h 30 les mercredi et vendredi, à 15 h 30 le dimanche. Durée : 1 h 35. Jusqu’au 14 octobre. Texte publié par Les Inédits du 13/Les Cygnes (10 euros).