Contemporain des impressionnistes dont le modèle est Gauguin, Pierre Bonnard (1867-1947) s’oriente dès ses débuts vers une peinture décorative influencée par le japonisme des Nabis, dont il est un des protagonistes. Un premier séjour dans le Midi, en 1909, est pour cet adepte des couleurs claires et chaudes « un coup des Mille et une Nuits », un éblouissement qui donnera à ses tableaux une vision idyllique, celle de l’Arcadie.
Après des études à l’Académie Julian, où Bonnard rencontre ses futurs amis Maurice Denis, Édouard Vuillard, Paul Sérusier, ses sujets sont sa vie intime et le monde qui l’entoure. Ses univers clos, sans perspective, aux cadrages novateurs, sont faits de lignes souples aux couleurs chaudes (les 4 panneaux de « la Cueillette des pommes »), avec des aplats de couleurs vives. Dans ses scènes de la vie contemporaine, il y a toujours une certaine distance, une note d’humour ou une tension, en particulier dans les portraits de groupe. Ses autoportraits, qui n’étaient destinés qu’à lui-même, en boxeur ou en sage oriental, sont à la fois ressemblants et subjectifs.
Les Intérieurs sont l’un de ses thèmes favoris, avec toujours un point de vue inhabituel. Marthe, sa compagne, dans sa chambre. Ensemble, nus, mais séparés par un paravent. Une vision érotique de Marthe au corps nacré dans la salle de bain, avec les attitudes des photos prises avec son Kodak. Il y a aussi la série de nus dans la baignoire, comme noyés. Une évocation du suicide de sa maîtresse alors qu’il vient d’épouser Marthe ? Les jeux de perspective, comme dans « la Cheminée », où le modèle regarde son reflet dans la glace et le reflet du reflet dans un miroir placé derrière elle.
Cette impression de décalage persiste dans ses vues de maisons, où le jardin fait irruption dans l’intérieur à travers de larges fenêtres. Et c’est dans ses paysages aux mêmes couleurs chaudes, qu’ils soient en Normandie, où il séjourne dès 1912, ou dans le Midi, en particulier au Cannet à partir de 1939, que la vision de l’Arcadie apparaît. Elle se retrouve dans les grands panneaux décoratifs qu’il peint dès 1906 : il y associe dans un monde de rêve des personnages contemporains, des nymphes antiques, des déesses, comme dans « la Méditerranée », demandé par le collectionneur russe Morozov en 1911 ou ceux commandés par ses marchands, les Bernheim.
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