PUISQUE L’ACTION de « La Place Royale », comme son nom l’indique, se déroule à l’extérieur, installons notre spectacle en intérieur. Puisque l’on emploie le terme « royal », allons au peuple. Puisque cela se passe au XVIIe siècle, préférons le XXIe, puisqu’il s’agit de jeunesse, confions les rôles à des interprètes murs, solides, et connus.
C’est une manière de « mettre en scène ». Elle pourrait être fertile si Anne-Laure Liégeois, qui signe ce spectacle – scénographie, costumes et mise en scène – donnait du sens à chacune de ses décisions. Hélas, elle est bien trop occupée à imaginer les gestes et les mouvements les moins naturels pour les personnages et à les faire entrer et sortir, toujours de la même manière.
Ce n’est pas grave. Une fois admis que l’on est dans un dancing défraîchi – on aura même droit aux boules et aux lumières tournantes – on est séduit par le talent scintillant des comédiens, le naturel avec lequel ils disent les alexandrins et le génie du jeune Corneille. La pièce date de 1634 et si la version présentée est celle qui a été retouchée légèrement 49 ans plus tard, tout est en place au départ.
Un homme, Alidor (Denis Podalydès), qui croit préférer ce qu’il imagine être sa liberté à l’amour d’Angélique (Florence Viala), introduit le désordre dans un petit groupe qui compte aussi l’heureuse nature qu’est Phylis (Elsa Lepoivre), son petit frère anxieux Doraste (Clément Hervieu-Léger), le très séduisant Cléandre (Eric Génovèse), Lysis (Alain Lenglet), Lycante (Benjamin Lavernhe).
Ici, on est happé par la grâce et le charme des interprètes, par la complexité moirée des personnages, par ce que cette pièce préfigure de marivaudage. Cruauté comprise. Chacun défend sa partition avec intelligence, finesse et nous émeut.
Vieux-Colombier (tél. 01.44.39.87.00/01, www.comedie-francaise.fr), mardi 19 heures, mercredi au samedi 20 heures, dimanche 16 heures. Jusqu’au 13 janvier. Durée : 2 heures sans entracte.
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