Le cinéma a 120 ans. C’est ce jeudi que débute, à Lyon, la célébration de l’invention des frères Lumière. Avec un remake du premier film, « Sorties d’usine », là même où il fut tourné le le 19 mars 1895, lieu qui est aujourd’hui le Hangar de l’Institut Lumière. Suivra, à Paris, au Grand Palais, une grande exposition, « Lumière ! Le cinéma inventé », du 27 mars au 14 juin.
Aujourd’hui, le cinéma a souvent des couleurs américaines. Signées, cette semaine, Tim Burton et Michael Mann. Ni Johnny Depp, ni imaginaire débridé pour le cinéaste d’« Edward aux mains d’argent », de « Batman » et de « Mars Attack », mais, avec « Big Eyes », une histoire vraie et presque contemporaine. Celle de Walter et Margaret Keane. Elle peignait des enfants tristes aux yeux immenses ; lui les signait, sut les faire connaître et les vendre et s’en attribua toute la gloire, jusqu’à ce qu’un procès départage les deux époux, devenus ennemis. Pourquoi Margaret accepta-t-elle pendant des années de mentir, y compris à sa fille, sur le véritable auteur des toiles ? C’est l’énigme que les scénaristes Scott Alexander et Larry Laraszewski, qui l’ont rencontrée – elle a aujourd’hui 87 ans –, ont tenté de percer. Mais si Amy Adams est irréprochable dans le rôle, le film s’intéresse surtout à Walter, joué par un virevoltant Christoph Waltz. On sent que ce qui amuse Tim Burton, c’est le portrait d’un monde de l’art où vraies et fausses valeurs se mêlent indistinctement. Et l’on s’amuse aussi de sa reconstitution colorée, voire kitsch, des années 1950-1970, et de ses protagonistes à la limite de la caricature, tel le critique d’art chic incarné par Terence Stamp.
Michael Mann, lui, est tout entier dans le présent, le XXIe siècle, comme le titre l’indique. « Hacker » est un thriller qui file à toute allure de Los Angeles à Djakarta, en passant par Hong Kong et la Malaisie, et surtout à travers les réseaux multiconnectés sur lesquels se mène une guerre très moderne. Le chevalier des temps cybernétiques incarné – à l’ancienne, avec les muscles – par Chris Hemsworth, est un hacker, donc, que le FBI sort de prison pour aider les Chinois à traquer les manipulateurs d’un logiciel malveillant qui a détruit le système de refroidissement d’une centrale nucléaire. Si l’on a quelquefois du mal à comprendre les manipulations informatiques, on ne s’ennuie pas à suivre les aventures à la James Bond du héros et d’une séduisante Chinoise (Tang Wei), avec plusieurs poursuites spectaculaires et divertissantes.
L’assistanat sexuel
En France, après « Intouchables », un film sur les handicapés qui s’appelle « Indésirables » ? Ce n’est pas du marketing. Rien à voir avec la comédie grand public, ici un rire grinçant et un titre à prendre au sens propre : les handicapés que rencontre le jeune infirmier joué par Jeremy Elkaïm ne sont pas désirés et doivent payer pour obtenir du sexe. Philippe Barassat, qui milite pour la reconnaissance de la prostitution et de l’assistanat sexuel, a voulu traiter le sujet avec réalisme, ce qui n’exclut pas l’humour et l’émotion. Il a travaillé avec des handicapés qui n’hésitent pas à se mettre à nu, là encore au sens propre. L’infirmier devenu assistant sexuel va vivre de troublantes et même dramatiques rencontres et son désir à lui va évoluer. Les situations les plus douloureuses sont attendries par le rire. Résultat, en noir et blanc, un film dérangeant, qui met mal à l’aise mais qu’on est heureux d’avoir vu.
Trois jours à 3,50 euros
Les sorties sont nombreuses cette semaine, pour profiter du Printemps du cinéma (du 22 au 24 mars, 3,50 euros la séance). Signalons « Un homme idéal », de Yann Gozlan, thriller sur l’imposture avec le fraîchement césarisé Pierre Niney. Et « Still Alice », avec la fraîchement oscarisée Julianne Moore, qui interprète une linguiste victime de la maladie d’Alzheimer, d’après le roman best-seller d’une neuroscientifique, Lisa Genova (paru en France sous le titre « l’Envol du papillon », Presses de la Cité) ; il a été réalisé par Wash Westmoreland et Richard Glatzer, qui vient de succomber à la sclérose latérale amyotrophique. Et encore, « l’Antiquaire », de François Margolin, autour d’une enquête sur un tableau qui aurait été volé par les Nazis à un antiquaire juif, avec Michel Bouquet et Robert Hirsch ; et « Anton Tchekhov - 1890 », de René Féret, sur une époque charnière de la vie du médecin-écrivain.
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