Les mauvaises langues ont de quoi fonctionner. Sur 19 films en compétition, 5 sont français (signés Jacques Audiard, Stéphane Brizé, Valérie Donzelli, Maïwenn et Guillaume Nicloux). Le film d’ouverture est français (« la Tête haute », d’Emmanuelle Bercot). Le film de clôture, « hymne à la sauvegarde de la planète », est français (« la Glace et le Ciel », documentaire de Luc Jacquet). Thierry Frémaux, le délégué général, qui, avec son équipe, a visionné plus de 1 800 longs métrages, écarte les éventuelles critiques en parlant d’une « belle année française » et préfère souligner les nouveautés de son affiche, les prises de risque de la sélection.
Certes, deux heureux palmés sont présents, Nanni Moretti et Gus Van Sant, et sept autres cinéastes ont déjà été primés (Paolo Sorrentino, Matteo Garrone, Jacques Audiard, Maïwen, Jia Zhangke, Hou Hsia Hsien, Kirokazu Kore-Eda). Mais neuf réalisateurs font leurs débuts en compétition. Parmi eux, le Hongrois Laszlo Nemes, 38 ans, qui vient avec son premier film, « le Fils de Saul », promis à bien des débats puisqu’il met en scène un déporté d’Auschwitz, membre d’un Sonderkommando. Autre promesse de nouveauté et d’originalité, « The Lobster », du Grec Yorgos Lanthimos, qui serait, plaisante Thierry Frémaux dans « la tradition des films auxquels on ne comprend pas tout ». Tandis que l’Australien Justin Kurzel tente un regard nouveau sur « Macbeth » avec Michael Fassbender et Marion Cotillard, qui montera une nouvelle fois les marches.
Parmi nos acteurs préférés, on retrouvera Catherine Deneuve en juge des enfants dans « la Tête haute » ; Isabelle Huppert dans « Plus fort que les bombes », premier film norvégien en compétition depuis 1979, et dans « Valley of Love » avec Gérard Depardieu ; Cate Blanchett, amoureuse de Rooney Mara dans « Carol » ; Vincent Lindon dans « la Loi du marché », film social et politique, comme son titre l’indique ; Vincent Cassel dans « Mon roi », mélo d’amour moderne, en duo avec Emmanuelle Bercot, et dans « Tale of Tales » de Garrone ; Tim Roth, qui assiste des patients en phase terminale dans « Chronic », du Mexicain Michel Franco ; Michael Caine et Harvey Keitel dans « Youth » de Sorrentino, qui a pour sujet la vieillesse ; Matthew McConaughey dans « The Sea of Trees » de Gus Van Sant.
On voit que le jury présidé par Joel et Ethan Coen aura du grain à moudre ; les discussions avec Rossy De Palma, Sophie Marceau, Sienna Miller, Rokia Traoré, Guillermo Del Toro, Xavier Dolan et Jake Gyllenhaal devraient être animées. Toujours aussi convoitée, la Palme d’or fête cette année ses 60 ans (elle n’est apparue qu’en 1955).
Les anciens et les nouveaux
Dans le copieux programme de la sélection officielle (53 films), il faudrait aussi citer les films de la toujours passionnante section Un certain regard, qui aligne entre autres les noms de Naomi Kawase, Kiyoshi Kurosawa, Brillante Mendoza, Apichatpong Weerasethakul, et de nombreux cinéastes à découvrir, comme l’Islandais Grimur Hakonarson, le Français Laurent Larivière, le Croate Dalibor Matanic, l’Iranienne Ida Panahandeh ou l’Indien Gurvinder Singh.
Le vétéran Woody Allen a demandé comme d’habitude à être hors compétition (« l’Homme irrationnel », avec Joaquin Phoenix en prof de philo). Ce sera aussi le cas de George Miller avec son nouveau « Mad Max », incarné par Tom Hardy, et de Mark Osborne, avec son « Petit Prince » en images d’animation, dont on dit grand bien.
Tout peut arriver à Cannes. Il y aura même « Dieu », incarné par Benoît Poelvoorde, dans « le Tout Nouveau Testament », de Jaco Van Dormael. Il sera l’une des vedettes de la Quinzaine des réalisateurs, avec « Trois souvenirs de ma jeunesse » d’Arnaud Desplechin. Tandis que la Semaine de la critique s’annonce riche de découvertes, dont « les Anarchistes », avec Adèle Exarchopoulos et Tahar Rahim.
Le festival s’ouvrira mercredi soir avec Lambert Wilson comme maître de cérémonie (à partir de 19 heures en direct et en clair sur Canal+). La plupart des films à l’affiche ne sortiront qu’à la rentrée. Mais l’on pourra voir dès le 13 mai sur les écrans français « la Tête haute », dès le 14 « Mad Max : Fury Road » et dès le 19 « la Loi du marché ». Les Parisiens auront quant à eux un échantillon du festival avec une quinzaine de films de la sélection officielle projetés au Gaumont Opéra du 22 au 24 mai, une opération du « Monde » et de la Gaumont.
Pendant douze jours, Cannes comptera 200 000 habitants, contre 74 000 habituellement. Le cinéma, 120 ans, se porte bien.
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