UN DÉCOR volontairement austère (on est dans un presbytère), des lumières sourdes (la « sonate » est en partie nocturne), à jardin, une table à cour, un lit. Un décor presqu’abstrait et des lumières oniriques. Les « personnages » ont beau s’adresser à nous, on a le sentiment qu’ils sont comme des fantômes qui surgiraient d’un temps ancien. Difficile de juger de la qualité de l’adaptation. On oublie volontairement le film pour entrer dans la mise en scène de Marie-Louise Bichofberger.
Dans la partition, peu développée mais importante, du mari d’Eva, Victor, Éric Caruso suggère très intelligemment l’amour conjugal, l’inquiétude, le chagrin d’un homme qui est homme de Dieu et père d’un enfant qui est mort, beau-frère d’une jeune femme gravement handicapée, mari d’une femme ligotée par une relation douloureuse à sa mère, gendre d’une grande artiste impénétrable. Tout cela, Éric Caruso le joue, littéralement, presque sans mots.
L’essentiel est le face-à-face d’Eva et de sa mère Charlotte, pianiste virtuose qui se produit à travers le monde. Elle vient de perdre son deuxième mari. Elle répond à l’invitation de sa fille. Elles ne se sont plus vues depuis sept ans. Françoise Fabian a voulu jouer ce rôle. Elle est merveilleuse. Elle donne au personnage quelque chose de « blanc », d’énigmatique.
Sa fille, Rachida Brakni, possède une présence forte, une grâce ici blessée, car Eva est malheureuse : elle a perdu un enfant, elle pense que sa mère ne l’aime pas et peut-être la méprise, elle sait qu’elle ne sera jamais la grande musicienne qu’est cette mère, elle lui en veut de ne jamais s’occuper de son autre fille. On rappelle tout cela, car tel est le nœud dramaturgique de « Sonate d’automne », titre emprunté à Chopin.
Il n’y a que douleurs, blessures. Les êtres sont inconsolables. C’est l’un des films les plus tristes d’Ingmar Bergman, avec Ingrid Bergman (qui avait demandé à jouer avec lui) et Liv Ullmann. Ici, c’est encore plus dur, car dans le film, on voit beaucoup d’autres personnages. Ici, on est obligé de ne voir que cette histoire d’incompréhension terrible.
Théâtre de l’Œuvre (tél. 01.44.53.88.88, www.theatredeloeuvre.fr), à 21 heures du mardi au samedi et 18 heures également samedi, à 16 heures dimanche. Durée : 1 h 40. Jusqu’en janvier.
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