CINEMA - « The Lady », de Luc Besson

Une héroïne

Publié le 07/12/2011
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Crédit photo : DR

« USEZ de votre liberté pour promouvoir la nôtre » : tel est le message de la résistante birmane, prix Nobel de la paix 1991 à Luc Besson et à tous les artistes. C’est Michelle Yeoh, l’actrice de Hong Kong (née en Malaisie), qui a voulu le film, après avoir reçu en 2007 le scénario de Rebecca Frayn. Parce qu’il y avait là « une bouleversante histoire d’amour et de sacrifice » et parce qu’il lui offrait un rôle de femme forte tel qu’il y en a peu au cinéma. Virginie Besson-Sylla, la femme du cinéaste, productrice, et Luc Besson, qui aime les héroïnes exceptionnelles ont emboîté le pas.

Aung San Suuy Kyi est la fille d’une grande figure de l’indépendance birmane, Aung San, assassinée alors qu’elle avait deux ans, en 1947. Élevée en Inde et en Grande-Bretagne, elle se marie avec un universitaire britannique spécialiste de l’Asie, Michael Aris, et mène pendant quelques années, avec leurs deux fils, une vie tranquille à Oxford. Jusqu’à ce que, rentrée en Birmanie au chevet de sa mère mourante, en 1988, elle soit appelée à participer à la résistance à la junte militaire. Fondatrice du parti pour la démocratie, elle est assignée à résidence en 1989.

Le film est centré sur les déchirements de celle qu’on appelle « The Lady », entre sa famille et son combat politique. Plusieurs fois, il lui est proposé de retourner auprès de son mari et de ses fils en Grande-Bretagne, tout en faisant savoir qu’elle ne pourra revenir en Birmanie. Elle refuse, se jugeant utile pour son pays et pour la liberté. Elle restera des mois, parfois des années, sans revoir sa famille. Michael Aris se bat pour elle en Occident, contribuant à lui faire obtenir le prix Nobel, dans l’espoir de peser sur la liberté en Birmanie. En 1999, il meurt d’un cancer à Londres, les autorités birmanes lui ont refusé le visa qui lui aurait permis de retrouver sa femme.

Alors, bien sûr, Luc Besson adopte le point de vue des gentils et ne ménage pas les méchants (il précise qu’il a laissé de côté certaines atrocités commises par la junte, tellement épouvantables qu’elles auraient paru invraisemblables). Est-ce du manichéisme ? Et, oui, il fait pleurer avec les séparations et les retrouvailles de son héroïne et de son mari, parfaitement incarnés par Michelle Yeoh et David Thewlis. Car il sait le pouvoir du cinéma.

RENÉE CARTON

Source : Le Quotidien du Médecin: 9054