AU COMMENCEMENT, il y a un livre publié chez Grasset et qui s’intitule « Inoculez-moi encore une fois le sida et je vous donne le nom de la rose ». Il est signé Blandine Solange, un nom étrange qui résonne comme un pseudonyme. Le nom d’une femme qui aurait écrit cette lettre à son psychanalyste avant de se suicider à l’âge de 43 ans. C’était en l’an 2000.
Douze ans plus tard, une femme, psychosociologue de formation, documentariste, journaliste, auteur d’ouvrages sur l’histoire de la psychanalyse et sur la Shoah, sur la société d’une manière large et sur les questions « féminines » plus particulièrement, Dominique Frischer, signe l’adaptation de ce texte, retravaillé pour le théâtre par Philippe Adrien, qui le met en scène.
Ce moment qui tient plus de la performance – au sens des arts plastiques – que de l’art dramatique, est extrêmement éprouvant. Il est ainsi pensé, ainsi joué. Le spectateur est là pour se sentir indiscret. Un psychanalyste, interprété par Patrick Démerin, une artiste plasticienne douloureuse incarnée par Marie Micla dialoguent à distance dramatique. La comédienne s’expose, littéralement et nous dit, de tout son corps, de tout son être, qu’elle a elle-même tenté d’effacer quelques frontières.
Ici, il est justement question de frontières. Raison, déraison, « folie ». La psychanalyse, demande Dominique Frischer, était-elle bien « la thérapie la mieux adaptée à son cas, s’apparentant plutôt à la psychose maniaco-dépressive ou troubles bipolaires qu’à une banale névrose » ?
Le spectacle est étoffé d’un travail sur les lumières, le son, la musique, la vidéo. C’est une plongée violente dans un univers dans lequel on exige du spectateur plus d’impudeur que de réflexion, en un premier temps.
On suit le récit de cette femme qui se met au dessin, à la peinture, comme on se jette contre un mur, une femme qui a suivi les cours d’une école des Beaux-Arts, des années auparavant. Qui se « destinait » donc à ces gestes, mais dont le principal demeurera pour jamais cette lettre au psychanalyste et ce suicide.
Belle du seigneur.
Ce théâtre brutal pose des questions violentes. Juste avant se donne, beaucoup plus douce, l’adaptation pour la scène de quelques pages de « Belle du seigneur », avec une comédienne lumineuse et heureuse, très sensible, Roxane Borgna, mise en scène par Jean-Claude Fall et René-Marie Leblanc. Il faut la voir aussi. Durée : 50 minutes. Un court entracte. Puis Exposition, 1 heure. Ainsi un diptyque se déploie, très intéressant.
Théâtre de la Tempête (tél. 01.43.28.36.36, ww.la-tempete.fr), à 21 heures du mardi au samedi, à 17 heures le dimanche. Jusqu’au 16 décembre. Durée : 1 heure. Signalons, nous en reparlerons, un excellent « Chapeau de paille d’Italie », dans la grande salle, puis en tournée. Très drôle, très bien mis en scène, très bien joué.
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