Jean-Louis Benoit connaît bien la troupe de la Comédie-Française. Ils ont partagé ensemble bien des succès et, dans cette production de la célèbre comédie de l’écrivain vénitien, on devine une confiance, une bonne humeur de travail qui se communique aux spectateurs.
Dans une traduction de Gilbert Moget, la pièce conserve ses couleurs sombres. La Venise du négociant Lunardo (Christian Hecq) est austère. Dans sa maison, nulle belle étoffe, pas de meuble précieux, de tableaux ou de gravures. Tout est couleur d’automne et l’espace, fait de pièces étroites, basses de plafond, est régulièrement refermé par un rideau de fer, qui évoque les parois d’un coffre où nul ne peut pénétrer sans l’aval du maître de maison et d’où l’on ne sort pas. Pourtant sa fille Lucietta (Rebecca Marder) et sa deuxième épouse Margarita (Coraly Zahonero) rêvent d’aller faire un tour au carnaval. Il n’en est pas question ! Lunardo a mieux à faire : il veut marier sa fille, mais refuse absolument qu’elle voie son promis. Heureusement, c’est un charmant jeune homme, Filippetto (Christophe Montenez). Il a une tante très gentille, Marina (Céline Samie), mariée à un confrère négociant (Bruno Raffaelli). Son père Maurizio (Nicolas Lormeau) est un peu dominé par ce caractériel de Lunardo. Le salut viendra d’une femme entreprenante, Felice (Clotilde de Bayser), épouse d’un bourgeois cossu, Canciano (Gérard Giroudon), avec l’aide cocasse du comte Riccardo (Laurent Natrella). Une très belle distribution, du doyen Giroudon à la benjamine et avant-dernière engagée Rebecca Marder, très prometteuse.
Ce qui est intéressant c’est que l’on voit à la fois le passage de la commedia dell’arte à la comédie digne de Molière et la manière dont les « rustres » vont rater la transformation du monde du commerce et du monde tout court. Christian Hecq fait rire en mille et une contorsions, postures, gestes, grimaces. Les autres comédiens jouent sincèrement, sans oublier la puissance comique des personnages et des situations. On rit beaucoup. Les interprètes sont au meilleur d’eux-mêmes. Brillants et bien accordés. On passe une très bonne soirée, classique d’apparence mais très intelligemment conçue. Et si les « rustres » sont épais et ligotés de bêtise, on admire les interprètes !
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