AU COMMENCEMENT, il y a une nouvelle. Une « short story » américaine publiée en 1959 aux États-Unis et qui avait intéressé Jacques Bergier et Louis Pauwels, qui la publièrent dans « Planète » dès 1962. C’est une fable sur la médecine, la recherche scientifique. Charlie Gordon est un peu simple. Il a un petit boulot d’homme de ménage dans une usine. Un jour, deux neurologues tentent sur lui une expérience et son quotient intellectuel grimpe vertigineusement. Parallèlement à l’expérience menée sur le jeune homme, les scientifiques tentent la même opération sur une souris nommée Algernon.
Le destin planétaire de la nouvelle de Daniel Keyes, un roman, un film, une comédie musicale et des millions de lecteurs à travers le monde, n’empêche pas d’être absolument bouleversé par la version actuellement donnée sur la scène du Studio des Champs-Elysées. Gérald Sibleyras propose une adaptation sous forme de confession, un récit à la première personne. C’est très bien composé. On ne décroche pas une seconde du fil narratif.
Mais disons-le, sans l’interprète extraordinaire qui incarne Charlie, nous ne serions peut-être pas aussi subjugués. Gregory Gadebois a quitté la Comédie-Française, où il était pensionnaire, il y a un an. On le remarquait dans tous ses rôles, dans des registres très différents. Ce comédien a une présence bouleversante, une vérité humaine, beaucoup d’intelligence des textes, des personnages, de l’âme humaine.
Anne Kessler, qui signe la mise en scène dans un décor métallique de Guy Zilberstein, avec rampes lumineuses, écrans, froideur clinique, installe le « personnage » sur un fauteuil de fer qui bouge, glisse, tourne. Grégory Gadebois ne se lève qu’une seule fois, un moment. Presqu’une heure durant, il s’accroche à son petit cahier rouge, à son crayon. Des noirs très brefs scandent le récit. Il est hallucinant. Les mains, les regards, toute sa posture, sa voix, tout dit la vérité de Charlie. C’est l’interprétation d’un artiste immense. Il n’est qu’émotion, intelligence de chaque nuance, mais ce n’est jamais racoleur.
Une histoire qui fait réfléchir, au-delà de la fable, sur l’être humain, sur la science, la recherche médicale, sur la compréhension du monde. Une célébration des cœurs simples et grands.
Studio des Champs-Élysées (tél. 01.53.23.99.19, www.comedideschampselysees.com), à 20 h 30 du mardi au samedi, en matinée le dimanche à 16 heures. Durée : 1 h 30.
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série