ON EST HEUREUX de retrouver cette belle histoire, simple et pleine d’enseignements qui date de plus d’une dizaine d’années. La mise en scène d’Anne Bourgeois et l’interprétation de Francis Lalanne sont remarquables en tous points.
Dans un décor heureux imaginé par Nicolas Sire, « Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran » marque le début de la direction de son auteur, Éric-Emmanuel Schmitt, qui a acheté le théâtre Rive-Gauche avec deux amis et salue ainsi cette salle, marquée notamment par la présence de Laurent Terzieff.
On est rue Bleue, à Paris. Un adolescent vit dans un grand appartement. Sa mère est partie depuis longtemps. Son père, avocat, n’a guère le temps de s’occuper de lui. C’est Moïse, dit Momo, qui tient la maison. Il fait les courses, prépare à manger à son père, non sans cœur mais un peu gauche et très malheureux, l’histoire nous le dévoilera.
C’est ainsi que Momo fréquente l’épicerie de Monsieur Ibrahim. Pas du tout « l’arabe » du coin. Car, s’il est musulman, il n’est pas arabe, comme il a l’occasion de l’expliquer à son jeune ami. Soufi, né dans la Corne d’or, Monsieur Ibrahim conduira Momo jusqu’à sa terre natale et lui dévoilera les tournoiements des religieux de cette spiritualité envoûtante.
Très belle histoire, touchante, puissante, sans mièvrerie. Très belle écriture : on n’oublie pas le grand styliste qu’est Éric-Emmanuel Schmitt. On n’oublie pas qu’il est musicien et qu’il maîtrise mouvements et rythmes avec beaucoup d’intuition.
Le plus ici – et cela n’enlève rien à l’inoubliable Bruno Abraham-Kremer –, c’est une mise en scène très inventive d’Anne Bourgeois, qui s’appuie sur une très bonne équipe, une bande son et musique excellente et un interprète remarquablement engagé. Avec le temps, Francis Lalanne a mûri sans vieillir. Il a un visage d’une grande beauté (il y a de l’indien Comanche dans ce visage). La voix est très bien placée, la capacité de sensibilité large et profonde. Mobile, dense, délié, fin, il est un interprète idéal. Et le travail du metteur en scène et du comédien est un modèle.
Comment dire ? On rit, on est ému, on admire, on pleure. On reçoit la belle leçon de vie et de tolérance de Monsieur Ibrahim et de Momo.
Théâtre Rive-Gauche (tél. 08.99.15.20.00), à 21 heures du mardi au samedi, en matinée le dimanche à 17 heures. Durée : 1 h 40. Certains jours, parce qu’il est retenu par ses récitals, Francis Lalanne sera remplacé par l’auteur lui-même. Le texte est publié, comme toute l’œuvre d’Éric-Emmanuel Schmitt, par Albin-Michel.
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