NOUS SOMMES bien au théâtre. Et ce moment bref est très soigné. La mise en scène de Manuela Riggiero est très précise et l’appui des vidéos de Gabriel Zagni donne une densité encore plus forte au travail de l’interprète, Marco Gambino.
Ici, les moyens du théâtre sont au service d’un texte qui nous plonge dans le réel et nous offre l’opportunité de comprendre ce qu’est la mafia, ce que sont les pensées des hommes qui en sont les patrons. Leur manière de s’exprimer, leurs certitudes affichées, tout ici étonne encore plus que lorsqu’on lit des enquêtes comme celles qu’a menées Attilio Bolzoni.
Journaliste, grand reporter, enquêteur, ce dernier a rassemblé les paroles qu’il a entendues lors de procès, d’entretiens. Trente années durant il a noté des phrases, des formules, des sentences. Impressionnant. Toto Riina, Tomasso Buscetta, Michele Greco et quelques autres…
« Parole d’Onore», c’est la voix de la mafia telle que l’a entendue Bolzoni, né en Sicile. Les hommes parlent de leur vie, de leur famille, de l’amitié, de la religion, de Dieu, du sentiment du mal… Ils parlent honneur. Une manière d’imposer leur pouvoir. Par la peur, l’intimidation et par la certitude qu’ils ont d’être les puissants…
Un « homme d’honneur » est un homme qui a été accepté par Cosa Nostra et va appliquer ses règles, ses lois, respecter ses codes. L’interprétation forte et sensible de Marco Gambino, ses regards, sa voix, sa manière d’être donnent toute sa légitimité à ce projet. Il le joue en italien, en anglais et en français, bien sûr.
Si la matière du « spectacle » est très particulière, nous sommes pourtant au théâtre et c’est par les moyens du théâtre que ces paroles, et ce que veulent nous faire comprendre les artisans de « Parole d’Onore », nous parviennent. Un moment d’une grande sobriété, radical et éclairant.
Aux Déchargeurs (tél. 01.42 36 00 50, www.lesdechargeurs.fr), à 18 heures, du mardi au samedi. Jusqu’au 23 mars. Durée : 50 minutes. Le spectacle se donne en français, en anglais, en italien en alternance.
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