« Orpheline », d'Arnaud des Pallières

Un portrait éclaté

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Publié le 30/03/2017
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Cinéma-Orpheline

Cinéma-Orpheline
Crédit photo : LES FILMS HATARI-LES FILMS D'ICI

Arnaud des Pallières, réalisateur du puissant « Michael Kohlaas », avoue s'être, jusqu'à « Orpheline », surtout intéressé aux personnages masculins. Pour « rattraper (son) retard », il raconte, inspiré les confidences de sa coscénariste Christelle Berthevas, l'histoire d'une femme multipliée en quelque sorte par quatre.

Car si le personnage a droit à 4 actrices, pour 4 âges (petite fille, adolescente, jeune fille, jeune femme), il a droit aussi à 4 histoires fortes, dures, bien différentes et qui finissent par composer un portrait unique, complexe et cohérent à la fois. Plusieurs acteurs pour le même personnage, on l'a déjà vu (récemment dans « Moonlight », par exemple), il y a ici un degré de plus.

Quand le film commence, nous faisons la connaissance d'une institutrice dévouée à son métier, apparemment bien dans sa vie et dans son couple. Mais son passé va la rattraper, et l'on recule chaque fois dans le temps : voici la provinciale de 20 ans débarquant à Paris, avide d'amour et qui se laisse entraîner dans une affaire louche ; la fille de 13 ans prête à tout pour échapper à la violence familiale ; la gamine de 6 ans qui… C'est « comme une poupée russe », dit encore Arnaud des Pallières, chaque épisode du passé éclairant le précédent et le présent.

« Expliquant », c'est vite dit, car il faut combler les trous. Le cinéaste, qui fait « des films en kit », compte pour cela sur le spectateur. C'est déroutant et, autant, excitant. Grâce au rythme du film, sans transition entre les parties, et bien sûr grâce à ses actrices, Adèle Haenel, Adèle Exarchopoulos, Solène Rigot et la petite Vega Cuzytek.

Et aussi

Cap sur l'Afrique avec deux films. Avec « Félicité » (Ours d'argent à Berlin), le Franco-Sénégalais Alain Gomis fait le portrait d'une mère courage, chanteuse de bar à Kinshasa, qui doit trouver de l'argent pour faire opérer son fils malade. Avec « United Kingdom », la Britannique d'origine ghanéenne Amma Asante raconte la lutte pour l'indépendance du Botswana, peu après la deuxième guerre mondiale, du jeune roi Seretse Khama (David Oyewelo) et de son épouse blanche (Rosamund Pike). On notera aussi « Paris la blanche », premier long métrage sur les Chibanis (une septuagénaire quitte l'Algérie pour la France où est resté son mari, ancien travailleur immigré).

Sinon, un thriller familial (« Pris de court », avec Virginie Efira), des comédies (« Telle mère, telle fille », avec Camille Cottin et Juliette Binoche, et « Gangsterdam », avec Kev Adams), un blockbuster futuriste (« Ghost in the Shell », avec Scarlett Johansson en cyberdétective d'après un manga qui a inspiré un célèbre dessin animé, des séries et des jeux vidéo) et un dessin animé (« Baby Boss », production DreamWorks).

Renée Carton

Source : Le Quotidien du médecin: 9568