DE TOUTES les pièces d’Harold Pinter, « le Retour » est l’une de celles qui est souvent montée. Après Claude Régy, Stuart Seide, Bernard Murat, pour ne citer que quelques productions fortes, c’est Luc Bondy qui choisit cette pièce étrange. Elle date de 1965 et l’on imagine sans peine quel scandale put faire cette histoire bizarre qui met mal à l’aise. Dans une maison de la banlieue nord de Londres, Max, 70 ans, veuf, ancien boucher, vit avec son frère de 63 ans, Sam, chauffeur de taxi, et deux de ses fils. Lenny, la trentaine, qui vit on ne sait trop de quoi, et Joey, 25 ans à peu près, qui travaille et fait de la boxe en rêvant d’être champion. Ces hommes entre eux s’épient, se chamaillent, se bagarrent, se détestent mais ne peuvent vivre les uns sans les autres. Une nuit, Teddy, le seul des garçons qui s’en soit sorti et qui est professeur de philosophie aux Etats-Unis, revient à la maison, accompagné de sa femme Ruth.
En anglais la pièce s’intitule « Homecoming », le retour au bercail. Teddy revient et un jour il repartira, laissant sa femme seule avec ses frères, son père, son oncle – mourant –, une jeune femme qui a couché avec Joey et à qui Lenny propose de l’installer dans un appartement pour qu’elle se prostitue pour la famille… et la belle accepte.
Harold Pinter disait que sa pièce était féministe. Sans doute parce que Ruth n’appartient à personne et décide de tout mais enfin ce « féminisme » peut se discuter…
Dans un décor faussement réaliste, Luc Bondy conduit l’action comme des rounds, séparés par des plages musicales. La distribution est de premier ordre. Dans le rôle de l’oncle, mal dans sa peu, un peu déclassé, Pascal Greggory compose un homme bouleversant. Joey, le sportif, sans état d’âme, mais vital, est parfaitement incarné par Louis Garrel. Le Lenny de Micha Lescot est aussi séduisant qu’inquiétant. Jérôme Kircher est Teddy, ce personnage encore plus opaque que les autres. Il lui donne sa juste profondeur et on ne sait quoi d’anxieux, de ligoté qui est très intéressant. Dans la partition de Max, Bruno Ganz, qui joue pour la première fois en français, se contente pour le moment de jouer le prolo, violent, joueur, tyrannique et pervers. Il manque pour le moment la grandeur héroïque de ce roi des courses, de cet instinctif qui parle aux chevaux, de ce tempérament d’artiste. Mais cela viendra : on devine qu’il est préoccupé encore par son accent. Quant à Ruth, presque silencieuse, énigmatique, elle possède la lumière troublante d’Emmanuelle Seigner.
Théâtre de l’Odéon (tél. 01.44.85.40.40, www.theatre-odeon.fr), jusqu’au 23 décembre. À 20 heures du mardi au samedi, à 15 heures le dimanche. Durée : 2 h 30 entracte compris. Nouvelle traduction de Phiippe Djian, Gallimard 12,90 euros.
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série