C’EST UNE SUPERBE trilogie que celle que propose le directeur de la Comédie de Reims, Ludovic Lagarde. Les trois pièces de l’écrivain au destin fulgurant, acquis aux idéaux révolutionnaires, mort à 23 ans en 1837. Personnalité forte, intelligence profonde du monde et des êtres, Georg Büchner était médecin, écrivain et porteur d’idéaux politiques qu’il transmettait par des écrits, un pamphlet, « le Messager hessois ».
Il dut s’exiler à Strasbourg. Il traduisit Victor Hugo et s’inspira des Élisabéthains pour ses pièces, vives, ardentes, romanesques. De « Woyzeck » ne sont demeurés que des fragments. Les deux autres pièces ont leur mouvement, leur cohérence. « Woyzeck » aussi, d’ailleurs, qui inspira à Berg un magnifique ouvrage lyrique.
On connaît Ludovic Lagarde et l’on apprécie ses travaux sur la littérature contemporaine et ses mises en scène des textes d’Olivier Cadiot en particulier (« le Colonel des Zouaves »). Un comédien est au cœur de son parcours : Laurent Poitrenaux. Ils se sont connus au cours Lucien Marchal et Christian Schiaretti leur avait donné leur première chance. Depuis, ils ne se sont guère quittés. Et pour entreprendre ce voyage au long cours, le metteur en scène avait clairement besoin de s’appuyer sur une personnalité forte et proche.
La trilogie n’est pas déployée dans son cours chronologique. Laurent Poitrenaux est tour à tour Woyzeck, le pauvre soldat qui tuera Marie, la femme qu’il aime et qui est le cobaye du médecin du régiment ; Danton, haute figure de la Révolution française, dans une pièce extraordinairement puissante et belle; et, dans « Léonce et Léna », belle histoire d’amour en forme de conte coloré, un roi débonnaire par-delà une rugosité ludique.
C’est un travail très intéressant et une expérience sensible et intellectuelle qui vaut que l’on s’engage dans une assez longue soirée. Les traductions de Jean-Louis Besson et Jean Jourdheuil sont rigoureuses et fidèles, fluides. On est époustouflé par l’esprit du jeune Georg Büchner. On est séduit. On suit les pleins et les déliés d’une représentation en trois volets. Les décisions esthétiques sont originales. Il y a bien sûr des moments extraordinaires et des moments de moindre tension.
Il faut saluer ce grand travail et la chance qui nous est offerte de retrouver ces trois pièces qui sont de grands classiques. La troupe est excellente. Dix comédiens qui passent d’un rôle à l’autre, d’un univers à l’autre avec grâce et intelligence. La présence sombre et dense, mais dansante aussi de Laurent Poitrenaux est de l’ordre du miracle impressionnant et enthousiasmant.
Théâtre de la Ville (tél. 01.42.74.22.77, www.theatredela ville-paris.com), du 16 au 25 janvier à 19 heures, dimanche 20 janvier à 15 heures. Durée totale : 4 heures avec deux entractes.
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