« Les Malheurs de Sophie », de Christophe Honoré

Un film pour enfants pas comme les autres

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Publié le 21/04/2016
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Ciné-Les Malheurs de Sophie 1

Ciné-Les Malheurs de Sophie 1
Crédit photo : J.-L. FERNANDEZ/LFP

Christophe Honoré (« les Chansons d'amour », « les Bien-Aimés »...) n'a pas cherché à moderniser la comtesse de Ségur. Il a même reculé l'histoire du milieu du XIXsiècle à l'époque napoléonienne, celle de l'enfance de l'auteur, dont il s'est aussi inspiré, pour le scénario écrit avec Gilles Taurand, et qui mêle « les Malheurs de Sophie » et « les Petites Filles modèles ». Et l'on sent qu'il a beaucoup aimé jouer avec les décors aristocratiques, les calèches, les robes Empire, les poupées et dînettes précieuses, etc.

Il avait aussi l'envie, la curiosité, de filmer des jeunes enfants. Comment faire apprendre leur texte à des petites filles de 5 ans qui ne savent pas lire ? Le résultat est désarmant. L'héroïne (Caroline Grant) est à la fois spontanée et appliquée. Elle peut être agaçante, mais dans le rôle de la désobéissante Sophie, ce n'est pas déplacé.

On retrouve dans le film les épisodes classiques, comme ceux des poissons rouges ou des coups de fouets donnés par la terrible Madame Fichini (Muriel Robin, très juste dans la méchanceté et le ridicule). Christophe Honoré a résolu d'une très jolie façon le problème des animaux (l'écureuil, les hérissons), avec une animation signée Benjamin Renner (« Ernest et Célestine »). De même pour le drame qui va frapper la mère  de Sophie (Golshifteh Farahani, toute de mélancolie).

Pour le réalisateur, l'« absolue liberté » de Sophie en fait « une héroïne de la transgression ». Ce qui fait la force de son film, c'est d'ôter toute mièvrerie à ses personnages, même si la cruauté des uns peut être équilibrée par la bonté discrète des autres (Madame de Fleurville, incarnée par Anaïs Demoustier).

Et aussi cette semaine

On aime André Dussollier, alors on ne boude pas « Adopte un veuf », comédie de François Desagnat sur les aléas de la colocation (avec Bérangère Krief, Arnaud Ducret). Après « Boyhood », Richard Linklater se penche sur la fin de l'adolescence avec « Everybody wants some », déboires et bizutages sur un campus. Les enfants, quant à eux, découvriront le perroquet Mardi dans une version animée en 3D de « Robinson Crusoe » signée Vincent Kesteloot.

Plus graves, « la Saison des femmes », quatre Indiennes se rebellent contre le sort qui leur est fait ; « Mékong Stories », une jeunesse au Vietnam au tournant des années 2000. Inclassable, « le Fils de Joseph », d'Eugène Green. Et, dans la lignée fantastique de « Blanche-Neige et le Chasseur », « le Chasseur et la Reine des glaces », avec Charlize Theron et Chris Hemsworth, mais aussi Emily Blunt et Jessica Chastain. 

Renée Carton

Source : Le Quotidien du médecin: 9490