LA PIÈCE de Jean Giraudoux fut écrite pour Marguerite Moreno, qui créa le rôle d’Aurélie sous la direction de Louis Jouvet, lequel incarnait le chiffonnier. L’écrivain était mort déjà et il ne sut rien du destin de cette œuvre unique dans la littérature dramatique française. La pièce a été marquée par ses interprètes : Edwige Feuillère, Annie Ducaux, Judith Magre, Madeleine Robinson, pour citer les plus marquantes.
La pièce est longue et oscille entre plusieurs genres. Elle tient du conte fantastique et elle est en même temps un brûlot contre les puissances cyniques de la finance et plaide pour le respect de la nature et des animaux. Elle donne raison aux humbles contre les hommes de pouvoir. Elle ne craint ni mal ni bien. Et les méchants doivent disparaître.
Didier Long, qui signe cette mise en scène, a largement coupé dans la pièce. Mais il a conservé son mouvement et ses morceaux de bravoure. Le décor de Bernard Fau, les costumes de Pascale Bordet, comme l’accent mis sur les personnages secondaires du petit peuple de fantaisie, jongleur ou vendeur de lacets, donnent une couleur de conte enchanté à la représentation.
Mais l’essentiel est le propos étonnant de Jean Giraudoux. Et l’unité d’une distribution de qualité. Les méchants hommes d’argent sont très bien incarnés par des comédiens de grand talent, les personnages secondaires ont du charme, les amies de la Folle sont jouées par des comédiennes épatantes. Deux figures dominent la représentation. Celle du chiffonnier : Dominique Pinon est remarquable et condense le projet même de Giraudoux. Celle d’Aurélie, qui organise la défense depuis son repaire des sous-sols de la colline de Chaillot. Anny Duperey, perruque et boas fauves, robes vertes, est splendide. Elle a l’autorité, le charme que doit avoir cette reine des humbles et ce mélange de déraison et de lucidité qui fait la grandeur de cette aristocrate des humbles.
Il faut écouter ce que dit Giraudoux. Le spectacle est d’une grande beauté plastique. Il est divertissant et donné sur un très bon rythme. Mais il ne faut pas s’en tenir aux apparences. La troupe réunie, brillante, nous le dit aujourd’hui et maintenant : ne nous laissons pas aller au vertige des apparences et de la matérialité. Voyons plus loin.
Comédie des Champs-Élysées (tél. 01.53.23.99.16, www.comediedeschampselysees.com), à 20 h 30 du mardi au samedi, en matinée le dimanche à 16 heures. Durée : 2 h 10 sans entracte.
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