NICOLAS BARY est à peine plus vieux que le livre de Daniel Pennac. Il est né en 1980 et « Au bonheur des ogres », premier volume de la saga Malaussène, qui en compte six, est paru en 1985. Ne reculant devant aucune audace, après le succès de son premier long métrage, « les Enfants de Timpelbach », il décide de s’attaquer à ce roman réputé difficile à adapter, d’autant que ses très nombreux lecteurs (il a été vendu en France à plus de 1,5 million d’exemplaires) en ont déjà leur propre vision. L’auteur lui-même est sceptique, mais l’enthousiasme du jeune réalisateur est communicatif. Il le laisse faire et, dit-il aujourd’hui, « mon Malaussène est devenu le sien et son Malaussène me convient tout à fait ».
Trentenaire rêveur, Benjamin Malaussène est le grand frère de la tribu, qui vit à Belleville. Il est responsable de la turbulente famille, car la mère est en vadrouille amoureuse. Il travaille pour un grand magasin, Au bonheur parisien (ainsi nommé en hommage à Zola). Pour le bonheur de ceux qui n’ont pas lu les romans de Pennac, on ne précisera pas ce qu’il y fait, pas plus que les catastrophes qui vont s’y produire.
Les événements, les décors, les costumes, tout est à la fois réaliste et saugrenu et c’est ce mélange qui fait la saveur du film. Il y a du polar et de la comédie, de l’angoisse et de l’amour dans ce conte moderne qui peut se lire à plusieurs niveaux et séduire les jeunes ados comme les adultes de tous âges.
On aime aussi les acteurs. Raphaël Personnaz, décidément très présent cette année (« Marius », « Fanny » et bientôt « Quai d’Orsay »), lui aussi grand enfant (il a 32 ans), est un Malaussène attendrissant. Bérénice Bejo est séduisante et énergique et Emir Kusturica mystérieux et sombre à souhait.
Si le public est au rendez-vous, il y aura peut-être une suite.
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